Passage de frontiere memorable


Passage de frontiere memorable Mon, 29 Jul 2002 19:54:43 +0000 Le lendemain matin non plus, la ville ne me seduit pas plus que ca, et ne m’incite guere a rester. Il me reste deux jours pour rejoindre Quito, et je pense repartir mon trajet sur deux jours, faisant une halte a mi-chemin entre Tumbes et Quito. J’apprendrai un peu plus tard que ce n’est pas possible, qu’il n’y a rien sur le trajet, a moins de prendre une autre route. Etrange, impossible pourtant qu’il n’y ait RIEN, mais tous les Equatoriens persistent a me dissuader de faire une halte sur cette route. Il y aurait soi-disant des agressions de pirates de la route, et il faudrait s’en tenir au trajet jusqu’a Quito pour ne pas tenter le diable. Info ou intox, impossible a demeler, et ce sera le symptome le plus persistant de toute mon aventure equatorienne : comment trier le vrai du faux ? Dans le doute abstiens-toi paraît-il, mais le proverbe ici est vite transforme par «dans le doute, paie!», maitre mot ici. Dans le doute et dans la peur, les moyens de pressions de mes amis equatoriens sont decuples, et a moins d’etre sur de detenir la verite, le malheureux touriste se fait racquetter sans peine. Ma premiere experience en la matiere ne tarde pas a arriver. Le poste frontiere peruvien a peine franchi, me voilà accostee par une demi-douzaine d’equatoriens surexcites, qui me debitent a toute allure que je ne peux pas me rendre au poste frontiere equatorien toute seule, qu’il me faut une escorte car le chemin entre les deux postes est tres dangereux, et qu’il n’est pas rare que les touristes se fassent detrousser et les femmes violer sur ce chemin, lorsqu’ils s’y aventurent sans guide. C’est la premiere fois que j’entends cela a un poste frontiere, mais devant leur insistance et leur agressivite, je m’incline, et accepte l’escorte de l’un deux. Il m’emmene a travers un vaste marche de carcasses de porcs et de veaux, puis dans des petites ruelles crasseuses et puantes, puis le marche aux fruits, les baraques delabrees, les rues grouillantes de monde. Je n'ai pas la moindre idee sur les intentions de mon guide ni s'il est personne de confiance, c’est peut etre le pire malfrat de tous, mais dans le doute je le suis, persuadee qu’il ne doit pas etre pire que les dizaines d’yeux qui se posent sur mon gros sac. Se moque-t-il de moi, ou n’y a t-il reellement que ce chemin la pour atteindre le second poste frontiere ? Aucun moyen de le savoir. Mais si ce qu’il me dit est vrai, ce trajet est des plus angoissants, et je ne suis pas mecontente d’avoir quelqu’un a qui parler, devrait-il m'egorger dans la ruelle suivante ! Il s’occupe de m'escorter a l’agence de bus qui me menera a Quito, de me faire acheter mon billet, puis un regiment de bananes pour la route, un vrai pere pour moi me dis-je, pourquoi ai-je donc eu peur, vraiment pas de quoi au fond.. Je lui donne 2 dollars de remerciement, et la les ennuis commencent! «Quoi, 2 dollars, mais tu te moques de qui, on n’est pas au Perou ici, l’Equateur est beaucoup plus cher, on est passe au dollar comme monnaie officielle, et tout est cher maintenant, avec deux dollars tu ne fais rien, etc.. ». Bon, ne nous attirons pas ses foudres, il dit peut etre vrai, ce qui est un bon pourboire au Perou n’est peut etre rien en Equateur, et je lui donne cette fois ci 5 dollars pour le calmer. Nouvelles foudres, nouvelle crise infinie et lecon de morale : « apres tout ce que j’ai fait pour toi, tu ne me donnes que ca, moi j’ai pris de mon temps, je t’ai tout montre, je t’ai evite des vols, evite des mauvaises rencontres, etc etc. ». Diatribe infinie et insupportable, j’argue qu’il ne m’a rien demande au depart, aucun prix pour ses services, et qu’il ne doit pas s’attendre a rencontrer des touristes americains aux poches pleines de dollars a tous les coins de rues. Mais il s’enerve de plus belle, ameutant ses amis et chauffeurs de taxi, et leur explique que je ne veux pas payer. Petites sueurs froides, il n’y a pourtant ni Olivier ni Xavier pour justifier que je me fasse detester ici, pas de ricanements, pas de «trapezoidal antisismico », alors pourquoi s’acharnent-ils sur moi ?? Cernee de tous cotes par des Equatoriens dechaines et au regard brillant, je capitule et paie mon guide hautement professionnel, ruminant que la c’est sur, je ne vais pas aimer l’Equateur..


 

ACCUEIL INVITATION AU VOYAGE