A mon retour, c'est l'operation !!
1er Juin 2002
A mon retour, c'est l'operation !!
Apres ces musees en serie, je retrouve Yvan et Angela au terminal de bus,
charges de gros paquets de miroirs et petits coffrets baroques qu'ils n'ont
pas reussi a vendre pendant ces jours de feria. Nous partons pour une
vingtaine d'heures de bus, mais je m'arreterai avant Lima, pour faire une
halte a Nazca, et decouvrir les fameuses "lignes" tracees dans le desert par
la civilisation Nazca il y a 1500 ans.
Je dors enfin comme un bebe, vive les routes asphaltees, vive le Perou, vive
la tele dans le bus!! Adieu la Bolivie, cela m'attriste tout de meme de
quitter ce pays qui a fini par me seduire malgre ses tortures routieres et
sa rudesse premiere. Mais mon visa egalement arrive a expiration, comme me
le fait remarquer le douanier sur le lac Titicaca, qui marque la frontiere
entre les deux pays. Plus qu'un jour et j'etais hors la loi!
Bonne blague d'Yvan, a l'occasion du franchissement de frontiere : "le lac
Titicaca est moitie peruvien, moitie bolivien.. Titi, c'est le Perou, et
caca, la Bolivie!". C'etait l'heure poetique du jour, et Yvan s'ecroule de
rire, sous les coups de sa soeur qui le rappelle a l'ordre mais n'en rit pas
moins fort! La blague nationale, certainement! Mais que ce soit Titi ou
Caca, c'est du pareil au meme, le lac est splendide, et nous le longeons a
l'heure du coucher de soleil, ce qui le transfigure encore. Au loin se
dessinent encore les sommets enneiges qui bordaient la Paz, et l'eau du lac
scintille d'un bleu intense.
Malheureusement, la nuit tombe rapidement, et lorsque nous en avons fini
avec les formalites de douanes qui tirent en longueur comme d'habitude, la
luminosite et les couleurs chatoyantes se sont eteintes, ce qui me desole.
Mais c'etait compter sans la pleine lune : une heure plus tard, la lune
prend la releve du soleil, et illumine le relief des monts et vallees
desertiques sur les premieres regions peruviennes. Helas, je n'en verrai pas
plus, je sombre dans un sommeil de plomb jusqu'au petit matin!
Le sommeil est plutot salvateur, neanmoins, facheuse surprise le lendemain
matin : mes fideles compagnes les lunettes m'ont fausse compagnie, et allez
expliquer a une bigleuse comment remettre la main sur ses doubles-foyers!!
Je tatonne, rampe dans le couloir a l'aveuglette et ameute tout le bus en
lancant le grand jeu concours avec cadeau bonus a l'appui pour qui mettra la
main sur mes yeux d'appoint (je l'avais bien dit, qu'il fallait me faire
operer avant de partir!!).
Tout le monde s'y met, Angela s'etouffe de rire, elle trouve ma triste
condition de taupe etrangere follement amusante. Quant au Paraguayen du
siege avant, il prefere ecouter le recit de ma vie plutot que de se mettre a
ramper! Mais j'ai reussi a apitoyer quelques passaagers quand meme, qui
s'efforcent avec ardeur de reconstituer mes faits et gestes depuis mon
entree dans le bus! "Qu'avez-vous avant minuit? A quelle heure etiez-vous au
toilettes, combien de temps y etes-vous restee?". Angela rit de plus belle a
chacune des questions, Yvan quant a lui ne se rend compte de rien,
anesthesie par le somnifere ingurgite la veille au soir pour etre sur de
dormir d'une traite pendant tout le trajet. Il reste imperturbable, la tete
recouverte de son long manteau vert!
Finalement, le paraguayen s'apercoit de mon desespoir croissant ("Dios mio,
mais que vais je faire seule et myope dans le desert?!"), et se met lui
aussi a chercher un peu plus serieusement. Au bout de 20 minutes de
dissertations sur la taille, la couleur et l'impossibilite de passer a cote
des binocles qui me mangent tout le visage sans les remarquer, il finit par
les trouver coincees derriere le siege, non sans avoir imite au prealable le
bruit de verres brises avec beaucoup d'a-propos!
Voila, je suis desormais affublee de lunettes tordues et un peu ridicule,
mais je vois, c'est l'essentiel me semble-t-il!
Leve-toi et marche...
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