Parcours du combattant

Mai 2002

Parcours du combattant Nous passons 3 jours dans les villages jesuites, apres San Jose, San Rafael, San Miguel visites en accelere, nous marquons une halte de deux jours a San Ignacio. D'une part, pour mieux nous impregner de l'atmosphere lymphatique qui regne dans les missions, d'autre part.. parce que nous ne sommes plus en etat de prendre le bus, secouees toutes deux de crampes d'estomac tectoniques, a force de nous nourrir de surenas au poulet et de limonade en bidons servies a la louche sur les marches. Encore une imprudence, mais j'ai suivi ma Suissesse avec candeur, l'ecoutant m'assurer avec un aplomb indemontable que nous etions desormais immunisees a toutes les bacteries du pays. Encore rate, j'aurais mieux fait de m'ecouter, impossible de quitter la chambre pendant deux jours. Heureusement que la receptionniste de l'hotel m'a prise en pitie et me monte des infusions de feuilles de coca et des jus de noix de coco vertes, meme si ca ne sert pas vraiment, l'attention est consolante! Simone quant a elle preconise le mal par le mal, elle nous soigne a coup de Pacena, la biere de la Paz, et me repete que c'est "plein de bonnes choses", cereales, vitamines, levure, eau.. La recette du sportif! Bon, assez lamente, nous nous prenons par la main et decidons de reprendre la route, c'est bien agreable les missions, mais force est de constater qu'il ne s'y passe pas grand chose. L'ombre de la mouche tse-tse plane dans ces campagnes, on pourrait s'y endormir et s'y reveiller momifiees dans 30 ans, alors mieux vaut prendre les devants avant de plonger dans un sommeil eternel. Et puis, petit detail, qui a son importance tout de meme : nous sommes absolument fauchees! Je suis partie de Santa-Cruz trop rapidement pour faire le plein de liquide, et pas un seul point de change n'accepte mes pesos chiliens. Quant a Simone, elle comptait sur ses travellers cheques, qui ne remportent pas grand succes non plus. En bref, notre reserve de bolivianos arrive dangereusement a extinction, et si nous poursuivons d'une nuit notre sejour dans ces petites bourgades sympathiques.. et bien nous prendrons a perpetuite! Apres compte et recompte, il ne nous reste plus de choix, nous avons tout juste assez pour sauter dans un bus et gagner la grande ville la plus proche, Santa-Cruz ou Trinidad. Simone ne veut decidement pas retourner a l'ouest, assez de Santa-Cruz pour elle, c'est donc le nord qui l'emporte, on est parties pour Trinidad! En fait, je n'ai la encore qu'a m'incliner : ma dette a l'egard de Simone grossit d'heure en heure, a chaque bouteille d'eau achetee, et je n'ai plus qu'a la suivre pour pouvoir la rembourser! Liee des deux mains par la force du capital tout puissant, encore lui! Mais a la reflexion, pousser un peu plus la traversee des tropiques me tentait bien aussi, enfin une route a l'ecart des circuits touristiques, le touriste raisonnable ne s'engageant en principe pas de son plein gre pour une nouvelle torture previsible. Car qui dit "a l'ecart des ciscuits touristiques" dit aussi : bus miteux et routes de caillasses, aucune surprise, il faut deja le vouloir! Bon, on est reparties pour une nuit de no-surprise-party, et cette fois ci, on fait ENCORE plus fort : lorsque le DJ tapera dans ses mains, on change de tour! Eh oui, prendre un bus miteux et des routes a trapes, ca commence a manquer d'originalite, on a deja fait, alors la on s'est dit : pourquoi ne pas innover, faire encore plus horrible que l'horreur? Simone a trouve la formule : prendre un bus en milieu d'apres midi, nous pre-achever a coup de musiques andines et de sieges desaxes, puis... Changer de carosse a 2 heures du matin (eh oui, les bus directs San Ignacio - Trinidad n'existent pas) et attendre le suivant au petit bonheur la chance sur le trottoire d'une station service dans le village le plus isole du monde (San Ramon, ancienne mission la encore, mais a l'etat embryonnaire : enlevez les maisons, ne gardez qu'une place principale et une eglise, accessoirement une station-essence pour les folles furieuses des milieux de nuits torrides, secouez le tout et vous etes a San Ramon, welcome welcome!) Bon, apres une visite nocturne de ce lieu enchanteur (les toilettes et le trottoire), notre second bus nous sourit au loin.. Avec une roue en moins, c'est la regle de beaute locale. Une petite heure de reparation, le temps pour nous de trouver les fameuses "places libres " que le chauffeur-mecano-couche sous le bus nous avait indique : nous nous y reprenons a deux fois pour trouver ces deux sieges, en essayant de ne pas marcher sur la tete des bebes couches dans le couloir sur des couvertures. En fait, les deux sieges restants ne l'etaient pas, ils etaient occupes par des petites filles censees etre sur les genoux de leurs maman pendant le trajet et ainsi ne pas payer de place supplementaire. Mais comment le deviner a 3 heures du matin, lorsque tous dorment d'un sommeil d'ange en attendant la reparation du pneu? Finalement, le chauffeur bariole de camboui arrive a la rescousse et reveille sans menagement les deux petites, qui finissent dans le couloir a cote des bebes.. Quant a Simone et moi, nous atterrissons a cote de deux "Koloss", je la cite, qui nous ecrasent contre les fenetres et aneantissent a tout jamais nos espoirs de fermer l'oeil jusqu'a Trinidad!


 

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