Arrivée en THAILANDE

 

(14/11-29/11/2001)

Arrivée en Thailande

Je reprends du service suite au plébiscite de Delphine : " et à quand les cafards qui vomissent?", mais pour vous décevoir, je le crains : l'arrivée en Thailande a signé l'arrêt des domptages de puces sauteuses et des vomissoires à roulettes.

Le 14 novembre, les deux pouilleuses mutées en grizzli reviennent à la civilisation. Réapprendre à parler distinctement, manger avec dignité sans les doigts, se tenir droit. Il a fallu dix ans (au bas mot) à nos chers parents pour nous l'inculquer, mais trois courtes semaines pour en oublier un bon morceau!

Arrivées à Bangkok, c'est Gingle Bell : " Oh! Des routes à deux voies! Oh! Des clignotants à la place du klaxon! Oh! Des gens qui comprennent l'anglais et savent répondre et pas seulement en phonétique approximative! Des journaux étrangers! Du chocolat! Des Mercedes! Des femmes en tailleur! Des hommes sans longyi! Des campus universitaires! Des parcs au milieu de la ville! Un palais royal! Un centre financier, des gratte-ciel, du lait frais , des nems, un Carrefour!"
Premières impressions fastueuses, la société de consommation nous rappelle à elle, nous voilà à nouveau comme des poissons dans l'eau.

Et il paraît que ce ne sont que des besoins artificiels, crées de toute pièce par le vil capitalisme! Mais comment se fait-il que cela paraisse aussi inné? Que cela aille tant de soi de trouver un centre commercial et de choisir entre plus de deux plats differents?
Je louais l'authenticité des types éthniques du Myanmar. Je me rends compte ici à mon euphorie renaissante à quel point j'aime le melting-pot, tous les types, tout mélangé, les ambiances, les couleurs, les modes de vie. Même ces babes à la Woodstock attardés qui se promènent pieds nus sur Kao San Road (la rue des guesthouses à 5 Frf la nuit, repère des touristes) avec des rastas de 2 mètres me réjouissent.

Nous n'avions pas l'impression de dépérir au Myanmar, et pourtant, quel sentiment de résurrection, ici. Il faut croire que l'impression de réclusion sous-jacente commençait a nous miner petit à petit à notre insu.
Alors la, quelle joie inavouableàa nous faire promener en voiture climatisée qui file sans bruit sur une route sans trous, faut il le dire quand même au risque de trahir notre vulgaire propension au luxe et au confort facile? Bon, eh bien c'est dit, je suis une victime du brainstorming a l'allemande, les teutons ont reussi leur coup a force de me véhiculer en golfe, mercedes et BMW!

Pour poser le contexte, Jeanne et moi venons d'être recueillies par une famille thailandaise, une vraie de vraie, Sumeth, Jeab et Noy. Les liens de familles réservent parfois des surprises : qui eût dit que mon alsacienne de cousine se trouverait subitement des cousins thailandais?!
Mais si, c'est possible... et pas des moindres! Moi qui nous voyais déjà hebergées sur des paillasses a l'extérieur d'un cabanon et devant l'entrée des toilettes turques, à l'image des habitations typiques que nous voyions depuis 3 semaines au Myanmar, je dois cacher ma surprise devant le lit de 2m de long, la salle de bain privée et les serviteurs tout dévoués a notre cause. C'en est presque gênant : le capitalisme, oui, mais il y a des limites!

Sumeth et sa femme ont du mal à comprendre notre cheminement : " Quoi? Vous partez sans voyage organisé? Sans groupe? Et les visas? Et les transports?!". Ils ne réalisent pas bien que nous revenons de 3 semaines non balisées, et que tout le reste du voyage se passera sous les mêmes auspices. Difficile de leur faire comprendre que nous parviendrons a trouver le chemin retour pour revenir chez eux le soir même.
Ce qui leur met tout de même la puce à l'oreille sur notre capacité de debrouillardise, c'est que nous ayions survécu au Myanmar. "Si vous avez survécu la-bas, vous survivrez partout! Surtout à la nourriture de tous les pays du monde!"

En tout cas, leur accueil est incroyable, l'hospitalité dans toute sa splendeur, seule la dureté du lit sur lequel nous dormons nous rappelle que leurs moeurs sont plus spartiates que les notres. Le lit a beau faire deux mètres, il n'en reste pas moins de la trempe des paillasses que je m'imaginais. Jeanne se met a faire des étirements pour retrouver sa souplesse d'antan. "C'est pour ca que les asiatiques sont si fermes", remarque-t-elle très à propos. "Ils ne sont pas faits comme nous". Mouai, enfin, ils ne se gavent pas non plus de M&M's et de Snickers comme tant d'autres, c'est peut-être là que se joue la différence!

Le premier soir, nous allons faire faire nos visas laotiens et cambodgiens à Kao San Road, en compagnie de toute la petite famille. Pour eux, c'est une véritable expédition. Ils n'y ont jamis mis les pieds auparavant. Le lendemain, lorsque Sumeth racontera son exploit a son jeune collègue de 25 ans, il ne le croira pas!


Les canaux de Bangkok

L'aventure parmi les transports locaux nous menant de la banlieue de Sumeth jusqu'au centre ville fut menée rondement. 1h45 de bateau, taxi et balade a pied pour atteindre le centre ville.. Qui dit mieux?! Même un parisien s'inflige rarement cette corvée! Mais Bangkok est une ville tentaculaire et en bouchons constants, difficile de faire mieux que notre score, même au milieu de la nuit et en voiture. Le plus simple reste les "bateaux-bus", bateaux de ramassage s'arrêtant comme un bus tous les 2 km environs pour ramasser les passagers à quai, qui ont juste le temps de sauter dans le bateau avant qu'il ne redémarre en trombe. Quand je dis bateau, je pourrais aussi bien dire barque à moteur, ce serait plus représentatif de l'étroitesse de l'embarcation. Ces barques filent dans les canaux de Bangkok et de sa région, et assurent la meilleure desserte qui soit, sans crainte des embouteillages. Mais mieux vaut éviter de porter une jupe ou un costard, des rafales d'eau s'abattent fréquemment dans l'embarcation, et nombreux sont sans doute ceux qui ont dû déraper sur le rebord en cherchant à sortir dans les 15 secondes qui leur étaient imparties. Les femmes en talons aiguilles qui enjambent la bâche et s'accrochent aux cordes en plastique, manquant se casser une cheville, filant leurs collants pour sûr, sont les plus remarquables. Je ne sais toujours pas comment elles font.

Ma première impression relative au bon niveau d'anglais des Thailandais s'est avérée fausse. Tres peu de gens nous comprennent, et il me semble même que la conversation de base soit plus difficile à faire passer qu'au Myanmar. Là-bas, apprendre l'anglais est souvent une question de survie, seule échappatoire pour essayer d'échanger avec l'étranger, de connaitre la vérité de ce qui se passe à l'extérieur, et la possibilité de gagner une source de revenue complémentaire grâce au tourisme.
Mais ici, les thailandais qui nous comprennent sont finalement rares, au-delà du cercle privilégié de Sumeth. En revanche, ils sont excessivement gentils et serviables, et le langage des signes se révèle souvent payant. Ils nous accompagnent volontiers jusqu'aux lieux que nous cherchons, nous confient a des chauffeurs de taxi apres leur avoir fait un briefing.. C'est de l'assistanat pour pauvres occidentales non dégourdies! Jusqu'à l'employé des canaux de Bangkok qui nous prend sous son aile après notre lamentage ratage d'une barque motorisée dans les 5 secondes de battement dont nous disposions (15s normalement, mais quand le feu est vert, 5 s suffisent!).

En revenant chez Sumeth saines et sauves, nous avons déjà gagné nos médailles de globe-trotteuses, la confiance s'installe. Ils ont deja l'air moins anxieux quant à notre emploi du temps du lendemain!


Marché et repas de famille

Apres 3 jours de Bangkok, on commence à se souvenir de ce qu'est une ville, ce qu'est le confort mais aussi ce qu'est le stress d'une mégalopole, encore plus quand elle est asiatique. Jeanne émet le doux rêve de marquer une pause plage entre deux pays aussi peu reposants que le Myanmar et le Laos. Requête acceptée, moussaillon! Je suis trop bonne, et la jeunesse d'aujourd'hui n'a vraiment pas d'endurance. De mon temps, c'était une soupe de fayots et au lit!

Nous nous apprêtons donc à quitter nos hôtes samedi matin, aller attraper le bus pour l'une des deux plages les plus proches de Bangkok (3 à 4h de route quand même), lorsque Sumeth nous apprend qu'il organise une "petite" party ce soir, à laquelle il nous convie très gentillement. Nous nous apprêtons a refuser lorsqu'il ajoute : "Actually, today is my birthday". Alors là, cela ne se refuse pas, et nous reportons donc notre depart pour la plage d'une journée, ce n'est vraiment pas bien grave, d'autant qu'une véritable fête de famille thailandaise, nous ne reverrons pas ça de si tôt.
Petite différence lexicale : une "petite" fête de famille en Thailande, c'est un regroupement de seulement 25 à 30 personnes. Une vraie fête de famille, ce seraient 300 personnes. C'est toujours bon à savoir!

Avant la fête, nous accompagnons Jeab au Chatuchak Market, c'est un marché de weekend, le plus grand d'Asie. Plus de 8000 exposants, 200.000 visiteurs par jour en moyenne, autant locaux que touristes. A cote de ça, la foire européenne de Strasbourg n'a qu'à bien se tenir! Des poissons rouges aux T-shirts design, montres en contrefaçons, canaris, singes, livres, restaus, meubles.. On y trouve de tout, c'est un immense fourre-tout pourtant organisé, 27 sections très adroitement découpées, des plans sont distribués tout autour de l'enceinte du marché par des militaires reconvertis en pervenches. Mais le plan, je le découvre trop tard, après avoir raté notre rendez-vous de 1h30 en m'étant perdue lamentablement sans retrouver le point de ralliement.

Récit d'une errance sans fin :
Je fais trois fois le tour, à une allure d'escargot scotché puisque les badauds s'agglutinent dans les allées microscopiques, je commence à paniquer, l'erreur d'être en jean par 30 degrés, il me colle à la peau, je sue comme les singes qui me dévisagent du haut de leur cage. D'ailleurs je me sens en cage aussi, petit accès de claustrophobie, et puis je vois les paquets de 5 minutes qui s'égrenent sur ma fausse Cartier nouvellement acquise, dont j'ai le temps d'admirer dix fois les aiguilles en train de faire le tour du cadran. Que faire, je ne reconnais rien, je demande à tous les policiers, un sur dix parle anglais, je n'irai pas loin. Je ne me souviens que d'un détail, dans une illumination : les toilettes de l'entrée, où Jeanne a fait son premier stop. Je demande en langage sourd-muet : "Y a t-il un ou plusieurs toilettes dans ce marché?", on me repond un seul, l'index savamment levé au ciel. Voila l'entourloupe, je traverse tout le marche a nouveau, une demi heure s'écoule, pour finalement attérir devant des toilettes vertes. Ahhh!!!!!!!! Horreur!! Celles de Jeanne étaient bleues! Une petite montée d'adrénaline, je suis perdue, avec mon jean qui colle de plus en plus, et mes tempes qui dégoulinent. La panique, et la honte associée, je me revois petite fille perdue dans Auchan avec les hauts parleurs scandant mon prénom : "La petite Hélène, la petite Hélène, est attendue par sa maman à l'information". J'imagine Jeab passer une annonce en Thai, "thi kajs tter juu lio seare Helene hte juj er sed". Ca ne m'avancera pas beaucoup non plus!
Heureusement, je suis persévérante, et puis à force de tourner pour la quinzième fois, je finis par reconnaître un détail qui me permet de me retrouver face à la bonne sortie... Ouf!!
Mes médailles de globe-trotteuse fraîchement épinglées me sont déjà retirées, je n'ai plus qu'à avouer que j'ai un sens de l'orientation zéro, et que je n'ai vraiment rien à faire en tour du monde, mais je suis saine et sauve, c'est l'essentiel!

Fin de la folle après-midi, mais la journée ne fait que commencer. La "petite" party de Sumeth, c'est le rassemblement des grand-parents, cousins, frères et soeurs, conjoints et enfants, qui arrivent tous au compte-goutte et nous saluent d'un sourire charmant mais un peu gêné, puisque aucun d'eux ne parle anglais. Notre conversation se limite donc aux mains jointes de la salutation, aux sourires et aux yeux bridés.
Et l'orgie commence! 15 plats disposés sur la table de 3 mètres de long, cela me rappelle vaguement les images de manuels d'histoire représentant la table de banquet de Louis XIV, chacun se sert allègrement, sans attendre que les autres soient servis, les casseroles de nouilles sont gargantuesques, les montagnes de crispy pork ne désenflent pas.. rien a voir avec nos repas de famille disciplinés et codifiés, avec un ordre de plats préétablis, et un ordre de disposition des invités et des chaises. Non, ici, c'est un désordre sympathique, où tous les plats arrivent ensemble, salé, sucré, salades, porc fri, moules géantes, sauce chili, gingembre, goyaves, raisins.., et ou tout le monde se sert avec les mains sans attendre et sans parler, avant de quitter la table sans mot dire non plus pour aller jouer à la Séga a côté de la table de banquet! Un rêve pour tous les goinfres de la planête!

Jeanne et moi honorons notre titre d'invitées spéciales, nous goûtons de tout, proches de l'explosion. "On fait le plein avant d'aller au Laos" me glisse Jeanne a l'oreille, prête à défaillir.


Hua Hin

Dimanche matin, nous finissons par mettre nos plans de plage à exécution. Pour les plages les plus proches de Bangkok, nous avons le choix entre Pattaya et Hua Hin. Sumeth nous explique que Pattaya, c'est le royaume du tourisme sexuel, ancienne base des américains postés en Thailande, victime de toutes leurs débauches et leurs orgies. Hua Hin au contraire est une plage familiale, tres prisée par les Thai eux-mêmes, qui s'y rendent volontiers le weekend avec enfants et conjoints. Nous optons donc pour celle-ci, pensant y trouver une ambiance typique et allégée en touristes. Mais Sumeth nous propose gentillement une dernière alternative : la plage de Puek Tian, où une de ses amies possède un petit appartement, à 100 m de la plage. Pourquoi pas, l'invitation est alléchante, mais mon sixième sens en alerte me met en garde de ne pas nous laisser emporter trop rapidement. Cette plage n'est pas mentionnée par le Lonely Planet, et ne se trouve sur aucune carte. Le Lonely Planet n'est pas infaillible, et pas toujours la bible du voyageur averti, mais comme nous l'enseignait Florence, il empêche quand même souvent de se retrouver dans le cas de figure de "Lose Travel Agency"! Et puis moi, regagner la cote sur un paquebot militaire peuplé de marins en manque de filles, cela ne me tentait pas trop non plus!

Nous n'écoutons pas mon pressentiment, et partons tout de même pour Puek Tian, fort heureusement accompagnées de Sumeth et sa famille, pris de scrupule a l'idée de nous lâcher seules dans la nature à la recherche de cette plage improbable. L'instinct est un excellent compagnon de route, et nous nous retrouvons comme je le craignais dans le trou le plus éloigne du monde, dans une ambiance de far-ouest à la Lucky-Luck. Et encore, même pas de saloon pour noyer notre solitude dans le whisky du coin! L'appartement à "100 mètres de la plage", que même les concierges du lieu n'arrivent pas a localiser dans la brousse, se trouve à 30 minutes à pied du premier cocotier. Encore une preuve de ma théorie concernant l'infinité de perceptions différentes du systeme métrique!

Le plus atroce est que nous ne trouverons jamais de bus pour revenir sur Bangkok quand nous mettrons fin à cette retraite forcée. Les routes sont défoncées par des météorités lunaires écrasées au milieu de nulle part, Sumeth manque déjà de plier en deux son énorme Volvo, alors oublions bus et taxis, ils ne viendront jamais jusqu'ici! Heureusement, 1000 fois merci, nous n'étions pas livrées a nous mêmes, et Sumeth, dans son immense gentillesse, a finalement proposé de nous conduire a Hua Hin et de ne pas nous laisser dépérir dans cet affreux village creusé au milieu de nulle part! Ca a du bon, en fin de compte, d'être sur-couvées!

Malheureusement, le tableau que Sumeth nous a brossé de Hua Hin est plutôt celui de son souvenir d'enfance. Le tourisme sexuel est arrivé jusqu'ici aussi, et les touristes sont sans doute aussi nombreux que les Thailandais. Il est vrai que la ville ne bouge pas jusqu'au bout de la nuit, comme c'est sans doute le cas à Pattaya, mais les couples louches y sont bien présents aussi.
Le premier jour, Jeanne remarque enthousiaste : "C'est sympa, il y a plein de couples mixtes, ici!". Mais à y regarder de plus près, les couples mixtes en question se composent bien souvent d'un octogénaire européen et d'une jeunette thai.. Mixte, ca? Louche, plutot! Un formidable marché de maîtresses-chanteuses s'offrent a nous. Jeanne, machiavélique, le met au point. Il faut soudoyer les concierges des hôtels ou guest houses où descendent les octogénaires, obtenir leurs noms et adresses des pays d'origine.. et les faire chanter en menaçant de tout dire a leurs compagnes ou enfants. Une mine d'or!

Au-delà de ces observations, la plage est agréable, le village aussi, on calme le jeu, petit rythme reposant pour quelques jours avant de repartir de plus belle. La guest house est sur pilotis, petite chambre lambrissée, et les vagues s'écrasent sous la chambre, berceuse ô combien plus agréable que les chants des moines du Myanmar! C'est le Sergent Garcia qui tient la réception, et qui nous fait payer au compte-gouttes le café, le müsli, une nuit, puis une autre.. parce qu'il n'arrive pas à tenir un cahier et faire ses comptes, sans doute, et il a peur d'oublier, alors il nous harcèle dès qu'il nous croise sur le ponton : "you didn't pay, pay, pay!!".

Nous croisons un nouvel arrivant qui nous demande l'air affolé : "Y a-t-il des bestioles dans les chambres?". Nous lui répondons, l'air blasé de celles qui ont déjà tout vu tout vécu : "non non, juste des fourmis dans les lits". Il croit que nous nous moquons de lui, et nous partons d'un éclat de rire inextinguible.

La chanson de l'été, c'est Glen Mederos, "Nothing's gonna change my love for you", que Sumeth nous a passé en boucle pendant les 4 heures de route. Nous l'aurons en tête toute la semaine, c'est atroce. Meme les tentatives de Jeanne de retrouver au fin fond de sa mémoire d'autres soupes de plage (Rock Voisine, Red Hot,..)sont infructueuses. Glen s'accroche et ne compte pas se laisser déloger de si tôt!

Autre moment fort de ce séjour plage : la recherche du maillot de bain introuvable. L'éternel probleme pour une lanceuse de poids est-allemande qui doit s'habiller en Asie! Probleme qui prend soudain une tournure dramatique lorsqu'il s'agit de trouver un maillot de bain, puisque j'ai deteint en bleu mon maillot rouge d'Alerte à Malibu. Apres des heures de vaines recherches en essayant de trouver la traduction thai pour 180 Y, je me rabats finalement sur un maillot de bain une pièce, histoire d'éviter d'avoir à m'enrouler dans un paréo telle une grosse américaine complexée. C'est finalement un maillot de bain- coupe années 50, qui emporte tous les suffrages. Coupe des plus aguichantes, dont il ne faut pas se moquer, elle me vaudra tout de même un nouveau prétendant : Keith, vieil anglais en pleine crise oedipienne, qui s'éprendra de moi passionnément en croyant revoir sa mère sur les plages de Brighton en 1954, I assume!

Quant a Jeanne, elle se fait harceler par un groupe de jeunots thailandais qui veulent etre pris en photo à tour de rôle a côté d'elle allongée sur son paréo. Elle sera l'inconnue du Max version thai : "découpe cette photo, mets la dans ton portefeuille et dis que c'est ta copine!"


Depart de Hua Hin

Apres 3 jours de plage intensive, les neurones ne répondent plus, il est temps de les remuscler et de refaire son baluchon. Le réveil sonne a 5h du matin, pour prendre le train de 6h, Hua Hin-Bangkok, et passer une dernière journée a Bangkok pour compléter l'image imparfaite que nous en avions. Au programme, Chinatown et le national Museum. Mais l'habitude du lever aux aurores se perd vite. Jeanne a l'impression de n'avoir pas fermé l'oeil de la nuit, surexcitée par le soleil et son "liquide céphalo-rachidien qui bouillonne", je la cite, elle n'est fait pas étudiante en neuro-psycho pour rien.. Quand a moi, à force de jouer aux starlettes british dans les vagues jusqu'à la tombée de la nuit, je sens un début de rhume et maux de gorge qui démotivent mon lever aux aurores de la même facon. Tant pis pour le National Museum, nous nous rendormons d'un commun accord tacite, pas besoin d'en dire beaucoup plus pour savoir qu'aucune de nous deux ne montrera l'exemple et ne se dressera héroique pour aller s'électro-choquer sous la douche froide.

Le second et dernier train de la journee est a 16h30, on s'occupera bien d'ici là, à coup de milkshakes et de jackfruits (ma nouvelle trouvaille : le bonbon haribo naturel qui pousse aux arbres sans colorants et sans E avec un gout de fraise tagada!).

Le voyage Hua Hin-Bankok dure pas loin de 4 heures, le double du temps mis en voiture avec Sumeth. Mais c'est sans conteste le voyage le plus agréable et le plus magnifique que nous ayions fait depuis notre départ de France. Entre 16h30 et 18h, nous assistons au coucher de soleil, un coucher de soleil onirique, tout en dégradés de rouges roses jaunes bleus, entre les palmiers, les cocotiers, la végétation luxuriante, les débuts de jungle. Qui a dit que le coucher de soleil était l'emblème de la niaiserie et des cartes postales retravaillees? Un véritable coucher de soleil vaut tous les clichés du monde, et celui ci nous laisse sans voix.

Les trains thailandais ont ceci de bien qu'ils n'ont pas de sas fermé entre les wagons, et que les casse-cous peuvent se tenir à l'extérieur, sur les passerelles attachant les différents wagons entre eux. Nous faisons donc le grand-écart à l'extérieur pour admirer les couleurs sans retouche. Jeanne a un petit air de Sharon Stone dans "Mort ou Vif", indécemment bronzée et la chevelure rebelle décolorée par le vent et le sel, sans parler de ses nouvelles lunettes de tueuses achetées sur le marché la veille et de son légendaire turban de pirate, qui trouve chaque jour un nouvel usage insoupçonné.

Au sujet de ce turban, j'ouvre la parenthèse pour remercier tout spécialement Carine, qui nous a précédé sur les routes du voyage et en a fait don à Jeanne. Ce turban népalais me fait penser au diadème que Wonderwoman portait autour du front, et dont elle se servait comme menottes, lasso, serpentin magique, etc.. Jeanne s'en est servi comme protège-soleil sur toutes les routes brûlantes, protège-pluie à Kalaw, masque anti-poussière à Mandalay, bandeau de pirate sur le bateau de Bagan, cagoule de survie dans le refuge près de Chiang Mai, foulard anti-maux de gorges dans le train, accessoire de beauté selon une canadienne qui voulait s'acheter le meme, etc.. Un grand merci, donc, pour cet équipement irremplacable!

Nation Hotel

Arrivée à Bangkok à 21h, plus de place dans le train pour Chiang Mai, nous ne pouvons donc partir directement et sommes contraintes à passer une nuit dans un des hôtels miteux des environs de la gare de Bangkok. En fait, je me faisais une joie de faire le voyage Bangkok-Chiang Mai de jour, pour avoir une chance de voir toute la traversée du sud vers le nord, puisque nous ne projettions pas de nous arrêter bien longuement en Thailande, afin de passer plus de temps au Laos. Mais à la vue des hôtels qui nous attendaient, j'aurais adoré trouver une petite place dans le train de nuit, et nous épargner cette halte dans une chambre immondissime. Pas de chance, le prochain train est à 8h30 le lendemain, et nous devons nous résoudre à dormir dans le Nation Hôtel. C'est le point Info de la gare qui nous l'a conseillé, il serait paraît-il bien moins glauque que notre premier choix, repère de dealers, maqueraux et toxicos. Le Nation Hotel est bien mieux en effet : il n'y a personne! Pour ça, on est sur de ne pas faire de mauvaises rencontres!

Petit tour du proprietaire rapide : un concierge édenté tellement ravi de voir ses premières clientes depuis trois mois nous parle de la France, de Platini je crois (pas bien sur, mais vu qu'ils nous parlent tous du foot français depuis qu'on est champions du monde, ça doit être ça), et des parfums français, comme toujours. Il nous amène à notre chambre, par ascenseur, (si si, le premier en un mois!), Jeanne est toute émue à l'idee que nous aurons la vue sur tout Bangkok. La vue, c'est sur l'espèce d'autoroute qui entoure la gare que nous l'aurons. Quant à la chambre, immense, verdâtre décolorée, avec un tout petit lit au milieu, des rapures de savon disséminées sur une serviette trouée, pas d'autre meuble donc l'écho formidablement pesant d'un ventilateur rouillé. Dans la salle de bain trônent des WC turques au milieu, des mégots de cigarettes dans l'embouchure de la douche, les murs effrités et le carrelage éclaté sont trempés encore. Lorsque j'en sors, je ne sais pas bien de quoi mes pantalons sont mouillés..

Mais cela passe encore. Le choc, c'est de découvrir que la frise du mur opposé au lit est une frise découpée dans la pierre, ouverte sur le couloir allumé toute la nuit, et qui diffusera pour nous la lumière blafarde des néons, ainsi que les paroles des ivrognes rentrés au chant du coq. Oui, l'hôtel se peuple quand même à une heure indéterminée de la nuit, et notre frise murale nous permet de ne rien perdre de leurs rires gras et de leurs allées et venues.

Apres avoir fait l'anticipation atroce de la nuit blanche qui nous attendait, Jeanne s'allonge en croix sur la paillasse du lit microscopique. Je fais de même, nous sommes trop abasourdies pour pouvoir parler. Au bout de 10 minutes de silence scandé par l'affreux ventilateur des années 30, elle me dit : "Je sais à quoi ça me fait penser! C'est comme les vieux films d'Hitchkok, où il ne se passe rien mais on est traumatisé!". Bien résumé, et on part d'un long fou-rire nerveux! Encore mieux résumé quand on comprend que les interrupteurs sont à l'extérieur des chambres, dans le couloir, et que c'était donc sans doute une ancienne prison..

Bangkok- Chiang Mai

Sorties de notre nuit au Nation hotel, finalement pas si traumatisées que ca, nous sautons comme prevu dans le premier train de la journée à destination de Chiang Mai, deuxième grande ville de Thailande après Bangkok, à environ 700 km au Nord. Avec le train express, il faut compter 12 heures de voyage. Ce n'est pas encore le TGV Paris-Marseille, mais comparé aux trains birmans, c'est le Concorde!

A peine entrées dans le train, des hôtesses du rail (manifestement pas selectionnées sur critère physique) se précipitent sur nous pour nous indiquer nos sièges respectifs et commencer à nous gaver comme des oies.. Ce qui ne cessera pas de tout le voyage, entre petit-déjeuner, goûter déjeuner goûter diner. Un stewart-balayeur passe dans le couloir toutes les 10 minutes pour ramasser les 3 grammes de poussière déposés par les semelles du dernier passager levé.

Pour voyager ludiquement et intelligemment comme au bon vieux temps, à l'arriere de la Deux Chevaux des parents après 5h de route, nous lancons le Grand Jeu Question Pour une Championne - Thailande. Dans le désordre des questions de qualification :
Quand et par qui a commencé la dynastie Chakri? Quand s'est achevé le règne de Rama I? A quel Rama sommes nous aujourd'hui? Quel est le Rama le plus vénéré par le peuple?

En plus, pour le grand jeu, Jeanne a même réussi à surmonter son mal des transports et s'occupe des qualifications pour le Laos. Plongée dans le guide du Laos, elle laisse s'échapper des exclamations :
"- Oh! Quels enculés ces américains!"
- Pourquoi?, risquai-je en sortant ma tête du guide thailandais.
Ils ont niqué le Laos!, me dit-elle dans un langage qui épouse pour le mieux son indignation.. (question pour un champion version Bronx!)

Puis, nous refaisons un tournage de l'Homme qui tombe a pic, à cheval entre deux wagons. Les paysages qui défilent sont aussi fabuleux que ceux du trajet Hua-Hin Bangkok, encore plus peut-être sur les derniers 200 km, lorsque le train s'enfonce dans les montagnes et la forêt vierge, que la végétation se densifie au point de ne plus laisser place à la moindre habitation, plus la moindre route, plus que des rails et de la jungle... Le train est seul sur terre, nous aussi, et le jour qui s'achève accentue encore cette fin du monde.


Chiang Mai

Arrivées à Chiang Mai, un stand info nous allèche pour la Ben Guest House. Nous arrivons trop tard. Elle est pleine, et le conducteur du tuk-tuk, responsable du stand info et frère de la tenanciere de la fameuse guest house (tiens tiens, l'objectivité des recommandations de guest houses est toujours de mise!) finit par se faire battre par sa soeur devant nous pour avoir ramené trop de clients!

Pour se faire pardonner, il nous dépose d'office devant une seconde guest house, plutot un hôtel : le Kinaree Hotel. Les chambres nous paraissent incroyablement luxueuses comparées a celles du Nation Hotel que nous avons quitté la veille.. Jeanne défaille presque de joie à voir que nous aurons de l'eau chaude, une baignoire, un mini bar.. Mais tout paraît trop beau pour être vrai, surtout au vu du prix, dérisoire.. Effectivement, nous ne tardons pas à nous apercevoir du cadeau bonus: un local de karaoke est accolé a notre chambre, et nos amis les Thais vont y passer la nuit à s'égosiller et rivaliser en vocalises.. Puis, les femmes de ménage rentrent dans notre chambre en pleine nuit. A croire que le service est plus efficace à 2h du matin.. Rien de tel pour faire briller les sols!

Une nouvelle nuit maussade, et nous quittons nos petits chanteurs à la croix de bois pour une guest house plus accueillante, la Pha Thai GH, tenue par des francophones. Malheureusement, français équivaut à Guide du Routard, et nous comprenons vite que le plébiscite du guide a attiré tous les francais en vadrouille. Vive la diversite culturelle!
En fonctionnant au Lonely, on évite au moins généralement ce genre de ghettos!

A la Pha Tai, un vieux Strasbourgois émigre co-gère la guest house. Il adore raconter sa vie aux touristes, et n'en revient pas de tomber sur des compatriotes. Il nous relate sa folle jeunesse au Boulevard d'Anvers, lorsqu'il effrayait sa mère en train de coudre en passant par la corniche du 5ème étage. Ah la la! Qu'est-ce qu'on s'amusait à Strasbourg en ce temps la!


Trek autour de Chiang Mai

La visite de Chiang Mai à vélo est assez rapide, la ville est agréable, a taille humaine, traversée d'eau et entourée de fortifications. Mais à force d'encenser la qualite de vie de cette ville par rapport à Bangkok, elle a fini par attirer plus de touristes que la capitale elle-même. En marchant dans les rues, on se croirait presque dans une ville d'Europe. Les locaux sont peut-être bien en minorité; les bars, cafés, restaurants, proposent des menus à la mode occidentale. Les petits concerts aussi sont largement inspirés de la pop anglaise.
Le Night Bazaar lui-même, censé être la fierté de Chiang Mai, est un énorme attrape-touristes.

Nous décidons de ne pas nous éterniser dans la ville, et de partir à la découverte des environs de Chiang Mai. Nous nous engageons dans un trek au programme alléchant : rando, parcours a dos d'éléphant, nuit en refuge, descente du fleuve à bord de radeaux de bambous. Alléchant, oui, mais mis au point par les services touristiques de Chiang Mai. Nous répétons le travers de la ville : le trek lui même n'est pas loin de l'attrape-nigaud! Tout est fait beaucoup trop rapidement pour boucler en deux jours le programme qui en demanderait 3 ou 4, et nous courons a perdre haleine dans les montagnes pour essayer de trouver le temps de tout faire. Peine perdue, nous ratons les éléphants le premier jour, ils sont déjà couchés! Ce n'est donc que partie remise, mais le second jour est alors une succession effreinée d'activités, toutes écourtées, sans nous laisser le temps d'apprécier.

Le plus amusant au fond fut de partager ces deux jours avec un groupe de gens mal assortis et de tous horizons. Jasmine et Mattew, couple de canadiens modèles a la sauce Beverly Hills. Les héros de l'Amerique. Jasmine, alias Cindy, est élevée a l'aérobic, et adore le prouver à l'ensemble du groupe en galopant derriere le guide sans un halètement. Matthew, son époux, est le sauveur de ces dames, porte les sacs dans les situations périlleuses, toujours une main tendue par-dessus les rapides.

Jodie et Lee, deux australiennes déjantées. Jodie part à l'assaut des sommets en Pataugaz. Elle dérape cent fois, jusqu'à s'arracher tous le pan arrière de son pantalon et finir en culotte.
Whitney et Steve : autre couple de canadiens, plus jeunes. La version rebelle de l'Amérique, avec piercings et tatoos, préfèrent se boxer plutot que s'embrasser.
Enfin, les deux francais, Thierry et Myriam. Lui est ancien surfeur fou, de ceux qui passent dans les clips de MTV en dévalant une corniche sur des étendues de neige vierges. Reconverti en skipper à Montpellier suite à une chute presque mortelle, il paraît cependant difficilement tenir en place.. Ce qui offre un contraste saisissant avec Myriam qui avance avec peine.

Tout ce petit monde s'entasse à la nuit tombée dans une cabane refuge au milieu de nulle part. Pas de portes, pas de fenêtres, ca ressemble aux cabanons que les enfants construisent en pinces à linge démembrées. Une planche de plus ou de moins, et tout tombe par terre. Le tableau de tous ces gens rapprochés par la force des choses offrirait une bonne base de roman policier. Mais ici, la trame serait novatrice. A la place de "cherchez l'assassin", le noeud de l'intrigue serait "Qui a fume de l'opium?".

En effet, ces treks servent ausi la plupart du temps de pretexte pour les tribus à vendre de l'herbe et de l'opium aux touristes consentants. A peine installés dans le campement, un vieil homme au visage tanné et emacié s'approche de nous les yeux injectés de sang, et sort un petit sachet d'herbe de dessous sa chemise.

Matthew le canadien, digne élève de Brandon Walsh, sera ferme : " Non! La drogue ne passera pas par moi!". Et puis, de descendance allemande (il s'appelle Von Braunschweig, ca ne s'invente pas!), il est deja l'heureux propriétaire d'un Bierbauch (ventre à bière, pour les non-initiés!). La biere suffit, pourquoi chercher plus loin?
Sa femme, Cindy, reine de l'aérobic, n'infligerait pas à son corps pareil outrage. On ne sait pas ce que ces substances font à la peau apres tout. La science n'a pas assez de recul!
Les deux australiennes, masquées par leurs cagoules (il fait 5 degrés tout au plus, on leur pardonne de renoncer à la supremacie du look tout puissant), font déjà trop Usual Suspects pour être de vraies fumeuses d'opium, la piste est trop facile.
Restent 4 français, suspects entre tous, la réputation des francais débauchés n'est plus à faire. Disculpez moi d'avance, je sors d'une école de bonnes soeurs, rappelez-vous!
Il faut donc compter avec 3 suspects, et comme ceci est un jeu intéractif, je vous laisse le choix de courser l'affreux zombie toxico!
(NB : questionnaire a choix multiple, plusieurs réponses peuvent être acceptées!)

Bref, des sachets de marijuana a 20 Bahts (moins de 3 FRF), des pipes d'opium a 50 Baht (environ 6 FRF) et plein de gratuites qui suivront puisque les guides et les ethnies ne parviennent plus a tenir les comptes après quelques mixtures savantes ingurgitées!

Pour les affreux coupables, la nuit se passera mieux que pour les innocents. La température baisse drastiquement la nuit, glaciation dans le refuge. De plus de 28 degrés le jour, la temperature baisse à 4-5 degrés la nuit. Seules les australiennes avec leurs moufles, cagoules, 2 paires de pantalons superposés, 2 paires de chaussettes et de vestes polaires, feront relativement bonne figure le lendemain matin. Les couples dorment encastrés, Thierry note que le froid rend les gens plus humains, c'est le seul moyen pour lui d'aimanter Myriam sans effort.
Jeanne et moi ne sommes ni encagoulées, ni aimantées l'une par l'autre, la souffrance est donc intense. Jeanne choisit la stratégie de la chrysalide entourée dans son sac de couchage. Mais aucun papillon ne s'élancera au petit matin. C'est toujours une Jeanne rampante et groggy qui se rue vers le feu de bois dès l'aube!
Quant à moi, je m'enroule dans ma chevelure flamboyante en guise de cagoule, et manque m'étouffer dix fois!

Le lendemain, nous courons donc dans les montagnes une fois de plus pour arriver à tout faire. Encore de beaux échanges culturels, avec une phrase mémorable lancée par un Matthew emu : "je ne sais pas si vous, français, pouvez vous imaginer ce que nous ressentons a marcher dans ces montagnes... C'est tres intense, on a un peu l'impression de savoir ce que nos soldats ont ressenti pendant la guere du Vietnam!"
Jeanne me regarde interloquée : "qu'est-ce qu'il vient de dire comme grosse connerie?".

Sa femme n'est pas en reste pour les exclamations stupides : "How cute!" ou encore "J'adorerais moi aussi donner a manger aux moines a 5h du matin, dans leur petite gamelle!&qu