A defaut de dormir..

fin Mai 2002

sujet : A defaut de dormir.. Trinidad, arrivee au petit matin. Merci au Guide du Routard pour nous avoir indique le "petit hotel au charme indefinisable (ca pour sur, il est vraiment indefinissable!), au patio ensoleille et agreable", nous n'avons plus la force de repartir pour sortir de ce bouge infame, et nous contentons donc de ces lits militaires sans draps, des moustiquaires trouees en guise de fenetre, et du carrelage effondre. (Message subliminal et avis a tous les voyageurs : boycottez le Guide du Routard, la pire compilation de conseils perimes et sortis de derriere les fagots!) Le seul point positif est qu'un couple de malheureux francais y a egalement echoue, munis de cette meme bible du loser en voyage. Nous rencontrons ainsi Zeph et Mel, voyageurs d'un an ou plus, avec lesquels nous nous consolons de cette mauvaise donne. Eux ont quitte Paris en janvier, et esperent ne pas avoir a revenir. Apres l'Amerique du Sud, objectif les US, ou ils essaieront de travailler un an ou deux avant de partir a la conquete du Pacifique. Avec eux, nous visitons Trinidad, petite ville charmante, un petit air de Phnom Penh avec ses concerts de motos autour de la place principale, sa chaleur etouffante, et son architecture coloniale. Simone s'amuse a heler les motos-taxis toutes les deux minutes, ne serait-ce que pour parcourir deux blocs les cheveux au vent! Mais nous n'y resterons qu'une seule journee en fin de compte. Une fois les liquidites renflouees, rien ne nous retient. Et puis surtout, mes deux danois de choc, Rasmus et Camilla, me convient a Rurrenabaque, autre ville tropicale plus au nord. Ils nous y attendent pour partir a la decouverte de la jungle avec Brent et Karen (les neo-zelandais) et Mills (le texan), la fine equipe du salar d'Uyuni reconstituee. Plus on est de fous plus on rit, nous hatons donc le pas pour etre de la partie, et revoici 18 heures de pur plaisir en bus. Nos futurs compagnons de jungle, eux, ne sont pas aussi masochistes que nous, ils ont tranquillement visite La Paz avant de prendre un petit avion qui les a deposes sans heurts et sans escarres sur le petit aeroport de Rurrenabaque. Simone et moi en revanche avons fait.. legerement plus complique! De l'art de la souffrance gratuite! Je ne vais pas m'eterniser sur le chapitre bus cette fois, ca n'en finirait plus, il suffit de savoir que ce fut le pire de tous, de toute la serie de charettes boliviennes que nous nous sommes infligees, avec des routes marecageuses detrempees par la tornade de la veille, les roues embourbees dans les sillons creuses par les poids lourds qui nous ont precede, les "bacs" en bois (sortes de radeaux de fortune de l'avant Tom Sawyer pour traverser les rivieres sorties de leur lit) a trois reprises, etc.. Simone reussit a fermer l'oeil, exploit entre tous, elle est la seule de tout le bus a ne pas se reveiller en cognant le pafond. Meme les ronfleurs obeses sont sortis de leur torpeur. Pour oublier ma solitude, je harcele mes voisins pour qu'ils me tiennent compagnie, et suis enfin consolee de la defection de Simone par la rencontre d'un bolivien erudit, qui m'expose toutes ses theories pour developper le pays et sauver la jungle! Il est originaire de Cobija, a l'extreme nord du pays et a la frontiere bolivienne, ou il ecrit des articles de sensibilisation ecologique pour epargner la jungle maltraitee par les pauvres de l'altiplano, descendus dans les regions tropicales pour y tenter leur chance. Son frere est depute, et propose lui aussi comme programme central l'education des pauvres de l'altiplano, afin d'eviter qu'ils ne viennent detruire ou endommager les regions de l'Oriente, ou le gouvernement leur vend des terres a prix modiques. S'ensuivent bien sur une deforestation massive et des rendements agricoles ridiculement bas. Une double perte. Deux imperatifs pour developper la Bolivie, me dit-il : rendre l'ecole obligatoire, et asphalter les routes (Quelle bonne idee!) Mais il continue tout de suite en m'enoncant le cout d'une route asphaltee : 1000 dollars par kilometre, auxquels s'ajoutent 40% de cout de corruption. Le regne de l'Autobahn n'a pas encore sonne..

 

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