A la Decouverte du Perou

Fin Juin-Juillet 2002

Objet : La poisse aux trousses Date : Mon, 08 Jul 2002 18:02:12 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Olivier et Delphine nous abandonnent donc, Xavier et moi, en revanche, reprenons vaillament la route pour Arequipa, dans un bus sans temoins de Jehova, cette fois. Mais sans phares egalement!! C'est a 18 heures que nous apprenons la charmante surprise, apres avoir ete en arret 45 minutes devant une route en chantier "qui n'ouvre qu'a 18h". Les feux alternants n'existent pas encore, c'est du tout ou rien ici : 2 heures fermee, 2h ouverte! A 18h, effectivement, tous les vehicules en arret, une longue file de bus et camions rappelant etrangement la frontiere polonaise de Frankfurt/Oder, se mettent en branle. Tous? Ou presque. Seul un vehicule charge d'irreductibles gaulois harceles par la poisse reste paralyse sur le bas-cote. (Eh oui, merci Delphine!! Tu nous en a legue un morceau avant de t'envoler!). Nous ne reprenons donc pas la route pour une raison inconnue. Tous les tacots nous depassent, mais nous restons en plan. Les peruviens sont patients, ils ne crient aucun "Vamos!!" furieux a la mode bolivienne, mais attendent avec resignation que le vehicule se remette en marche, sans demander plus d'explication. Apres enquete minutieuse, j'arrive tout de meme a savoir que nous ne redemarrons pas car il fait nuit... et que le bus est denue de phares! Xavier trepigne : "Alors la, c'est sur : je prends l'avion!" me repete-t-il avec conviction. "Il n'y a plus de doute possible : je prends l'avion!", parlant de son trajet a venir, entre Arequipa et Lima. Enfin, nous redemarrons tout de meme apres une attente infinie. Des phares de fortunes ont ete trouves derriere les fagots, et nous repartons pour plusieurs heures de trajet avant d'atteindre Arequipa, plongee dans la nuit. Visites de plusieurs hostals miteuses, recherche de restau, "un pollo por favor", comme toujours, on ne fait pas dans la dentelle a cette heure-ci. Tout parait rentre dans l'ordre, on est arrives, on a une chambre, un poulet.. ca ressemble au bonheur! Et puis, on pourrait se dire qu'on a eu notre compte d'emotions pour la journee, qu'on pourrait attendre le lendemain pour remettre ca. Mais non! Finissons la journee en beaute! Au menu des catastrophes du jour, je me permets de vous proposer.. euh.. voyons...La specialite du chef.. Un tremblement de terre! Pas mal, c'est vrai qu'on ne nous l'avait pas encore fait, cette specialite la! Benoit et Celine m'avaient bien parle de secousses violentes a Santiago, mais je n'avais rien senti. Cette fois-ci, difficile d'ignorer : un seisme de quelques secondes rugit sous nos pieds, toutes les sirenes de la ville se mettent en marche, le rideau de fer du restaurant s'abat violemment.. et Xavier en lache sa cuisse de poulet! (preuve de violence extreme!) De : "Helene Reichardt" Objet : Interets superieurs de l'etat Date : Mon, 08 Jul 2002 17:55:33 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Les sardines sechees n'ont plus qu'une journee avant de quitter Puno, et oui, deja la fin des aventures pour Delphine, qui rale de bon matin a voir un soleil radieux se lever avec un jour de retard sur le lac Titicaca. Une belle mer d'huile cette fois-ci, il ya de quoi pester! Quant a Olivier et Xavier, qui disposent de 3 jours supplementaires avant d'etre rappeles a la dure realite professionnelle, ils devraient en principe m'accompagner a Arequipa avant de marcher dans les pas de Delphine. Je dis "devraient", car Olivier ne peut finalement laisser sa chere et tendre partir sans lui, sait-on jamais quel type de rencontres douteuses elle pourrait faire a l'aeroport, dans l'avion, a Paris... Les galants sont a tous les coins de rue! Mais non, ce n'est pas ca, c'est qu'il a oublie de sortir son rosbiff du four, et qu'il doit rentrer en precipitation avant de mettre le feu au quartier. Et puis, le ficus n'a pas ete arrose depuis 2 semaines, il crie famine. Et aussi, comme le beau temps n'a pas ete au rendez-vous, mieux vaut aller se faire bronzer sous le soleil parisien, pour revenir au bureau avec un petit hale dore. Bon, aller, j'arrrete la, je tairai la verite, non non, vous ne connaitrez pas la raison veritable de son retour eclair et en avant-premiere a Paris. J'ai le couteau sous la gorge, et si je parle, il menace de devoiler toutes les photos.. Ahrrhghhhhhhhh.... Le tresor..... est cache... dans le jardin ...derriere le.............Ahhhhhhhhhhhhh!!!!!!!! OK, OK, j'avoue : Olivier est 008, l'espion le plus efficace de nos services les plus incroyablement secrets, et Chirac ne pouvait plus se couvrir sans lui, alors voila. Il a du rentrer. De toute urgence. Avec la plus grande precipitation. Voila, vous savez tout. (elle etait pas mal, cette version, Olivier, non?! Pas de photos, alors?!) Ah! Au moment meme ou je vous ecrit cette depeche lue et corrigee par nos services de presse, Delphine me donne le feu vert pour lever le voile sur ce fameux mystere, et ne pas chercher a tromper le lecteur fidele. Elle a raison, nous ne devons pas chercher a etouffer cette scabreuse affaire, et comme elle le souligne avec justesse, cela pourra aider a sensibiliser tous les touristes... A l'importance d'avoir toujours du papier-toilettes a portee de main! Bon, eh bien voila, je me lance, tant pis, j'affronterai avec dignite toutes les photos les plus scabreuses et compromettantes. Alors, le fin mot de l'histoire est... J'y vais, j'y vais : notre heros a ete terrasse (mais s'est debattu, si si, comme un lion, je vous l'assure!) par... une fieffee tourista!! Et s'est vu condamne a renoncer aux futurs exploits de gladiateur valeureux, contraint de declarer forfait au cruel bus arequipeno! Le dernier mousquetaire, Xavier, aura lutte vaillemment lui aussi... Avant de devoir s'avouer vaincu a son tour par l'hydre a 18 tetes. Un univers impitoyable! Objet : The perfect Storm, Clooney en moins Date : Sun, 07 Jul 2002 16:38:53 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Je serais bien restee plus longuement a Cuzco, une semaine est finalement bien courte pour faire le tour des mille et une merveilles incas, et au bout du compte, il me reste meme des cases intactes sur mon bolleto turistico! Mais je fais confiance a Mills, qui a deja tout vu tout connu, et m'assure que j'ai vu l'essentiel. Je quitte donc Cuzco avec mes joyeux lurons, qui se sont regales a l'Inca Trail malgre les dedicaces de moustiques et d'ampoules naissantes. Eux en ont assez de Cuzco, plus qu'une semaine de vacances pour les parisiens en sursis, et il faut op-ti-mi-ser! Je les suis donc a Puno, sur les rives du Titicaca (prononcer Titichacha, avec le ch a l'allemande, nous explique-t-on sur place!), pour de nouvelles journees riches en emotions. Je ne crois toujours pas a la poisse de Delphine, ce ne sont que pures coincidences! Coincidence bien sur si nous atterissons dans le bus des temoins de jehovas en furie, diatribes, chants, psaumes et incantations a Jesus-Christ. "Jesus, Jesus, je t'aime, Jesus..!" Allez Aviva, tous avec nous! Coincidence aussi s'il fait toujours beau sur le Lac Titicaca et que nous choisissons d'y naviguer le seul jour d'orage de la saison. Coincidence encore si le bus qui nous ramene a Puno est plein a craquer et que nous finissons debout dans le couloir. Non, non, et non, je ne serai pas superstitieuse!! Journee absolument epique sur le Lac Titicaca, donc, ou nous navigons joyeusement toute la matinee, nous promenant d'ile en ile, mangeant du roseau riche en fluor pour un sourire eblouissant. Nous nous laissons bercer par le doux clapotis des vagues, experimentons les toilettes du marin aguerri (une petite pensee pour Jeanne!), et ce dans la joie et la bonne humeur jusqu'a l'Ile de Taquile. C'est la que la roue de la fortune change de sens. (Non, non, pas de superstition!) A peine posons-nous le pied sur l'ile que le ciel noiratre se dechire au-dessus de nos tetes et commence a se deverser de tout son poids sur les malheureux marins d'un jour. Ce n'est pas grave, il ne nous reste plus que toute l'ile a parcourir avant de trouver une habitation! Olivier et Xavier se lancent dans un sprint entraine par l'epopee inca, je les suis en haletant, puis s'arretent au sommet de l'ile, en nous ouvrant grand les bras : "Bienvenus dans le royaume de Jesus!". Eh oui, Xavier a reconnu notre ami Jehova, roux echevele, qui nous a suivis depuis Cuzco pour nous faire voir la lumiere! Nous ne nous eternisons pas, reprenons la route de plus belle, les gouttes de pluie s'espacent, on dirait que le ciel s'ouvre a nouveau, youpii, fin de la poisse... Pour les 2 heures a venir! Le temps de faire une visite sommaire de l'ile, d'apprendre quelques uns des us et coutumes des Taquiles, dejeuner et retour! Avant de raconter ce fabuleux voyage retour, quelques mots sur les coutumes des habitants de l'ile. Le plus important a retenir est l'histoire du bonnet tricote. Chaque homme taquile porte un bonnet a pompon, a la Louis de Funes en chemise de nuit. Le bonnet est soit rouge, soit moitie rouge/moitie blanc. Les rouges integraux sont pour les hommes maries. Les moities blancs sont pour les celibataires. Un moyen tres pratique pour remplacer l'alliance, et on s'y trompe moins, d'ailleurs, les femmes interessees sont averties de loin. Feu vert, feu rouge! Sauf que, comme en Europe, il y a un vice de forme : pas plus que les maris francais, les hommes taquiles n'on envie de s'embarasser de ce genre de frein. La majorite des hommes, surtout ages, arborent un splendide bonnet.. Rouge et blanc!! Ah, et puis ce qui est amusant aussi, c'est leurs ceintures Gibaud. Chaque homme marie porte une epaisse ceinture de soutien censee les aider a soulever des hottes chargees, sacs et caisses a porter sur les 550 marches de l'ile. Ces belles ceintures sont des cadeaux de leurs nouvelles epouses, scalpees! Eh oui, parce que chaque ceinture est tissee de la chevelure de la belle.. devenue chauve pour la bonne cause. Et puis comme ca, le mari au bonnet rouge est assure qu'il sera le seul a aller voir ailleurs! Ils sont ruses, ces taquiles! Bien, apres cette page "us et coutumes", nous sommes prets a regagner Puno, dans notre raffiot de malheur! De malheur, il ne l'etait pas encore, mais l'est rapidement devenu avec la resurgence de la tornade. Le matelos en chef nous annonce que nous ne pourrons pas repartir de si tot, un orage est annonce sur le lac, et il serait dangereux de prendre la mer tout de suite. Nous attendons donc un petit moment, avant de voir revenir les moussailons, pleins de bonne volonte a entendre les geremiades des passagers parlant de bus ou d'avions a prendre le soir meme. Ils ont donc une idee de genie : nous allons simplement traverser le lac jusqu'a la prochaine ile, ou nous attendra un bus local affrete pour Puno. 1h de bateau au lieu des 3 prevues si nous voulions regagner Puno par lac uniquement. Tout le monde est ravi, quelle bonne idee! Mais personne parmi les touristes presents dans le bateau ne se doutait qu'une tornade sur le lac Titicaca vaut toutes les tornades maritimes du monde. Une tempete dans un verre d'eau. Une heure seulement, qu'est une heure dans une vie? Pas grand chose, mais mesuree a l'aune des souffrances, cela se rapproche de l'infini! J'ignorais le mal des transports jusque la, et encore plus le mal de lac. J'ai comble mes lacunes en la matiere! Une heure de pure decomposition, de grelottements, et le parcours integral du spectre des couleurs, vert en majorite! Olivier me soigne a coup de pastilles anti-passage au vert. Mais elle ne font sans doute effet qu'une heure plus tard, helas! Trop tard! Delphine, Olivier et Xavier n'en menent pas large non plus, mais paraissent s'en tirer relativement mieux que moi, petite nature que je suis! Enfin, nous touchons terre, apres l'avoir vu se rapprocher et s'eloigner a nouveau un temps infini. Atroces mirages sadiques! Il me faudra encore un bout de temps avant de revenir a la vie, mais la terre ferme me rescucite peu a peu. Soulagement de courte duree : le bus promis n'arrive pas. Il y en a bien un, mais qui a deja charge tout le bateau d'avant, et c'est a nous d'attendre, sous la pluie et le froid. A nous d'attendre, sauf si nous preferons passer tout le trajet pour Puno dans le couloir. Eh bien oui, nous preferons ca, le froid et le vent devant le lac sont insoutenables, et memes nos bonnets peruviens ne nous immunisent pas. Retour sur Puno en sardines fraichement pechees! De : "Helene Reichardt" Objet : La Cite Engloutie Date : Sun, 07 Jul 2002 16:29:47 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Enfin, le grand jour est arrive : l'ascension du Macchu Picchu! Bon, ascension est un grand mot pour moi, un concept tout relatif... L'ascension du flemmard, en train, aller-retour en une journee pour y retrouver Delphine, Olivier et Xavier a l'arrivee de leur trek, et ne pas manquer ce haut lieu mythique malgre tout. Manque de chance, je penetre dans la Cite magique a 12h, et mes 3 lascars l'ont quittee a 11h45. Normal, lorsque l'on sait qu'il se sont leves aux aurores pour voir apparaitre la Cite d'Or au lever du soleil. Ratage magistral, nous ne nous retrouverons que le soir de retour a l'hotel! Mais je ne regrette pas mes 8 heures de train. La splendeur du Macchu Picchu a beau etre galvaudee, le choc esthetique reste intact a voir apparaitre peu a peu ces ruines magnifiques sur l'horizon. Cela reussit encore a me couper le souffle, malgre toutes mes attentes! Tout a ete dit sur le Macchu Picchu, mais je vais essayer de rassembler mes idees pour resumer un peu le mythe. Depuis la chute du Taywantisuyu, les espagnols, puis les archeologues et explorateurs de tous pays ont vainement essaye de retrouver la piste de la Cite Perdue. Le bruit courait depuis la chute de l'empire qu'une ville inca avait ete oubliee dans la conquete. D'autres, plus clairement assoiffes d'or, etaient toujours a la recherche de l'El Dorado. Entre le 16 et le 20eme siecle, rien n'avait filtre, et la cite demeurait desesperement engloutie. Jusqu'en 1911, date de la decouverte par l'Amercain Hiram Bingham de ruines precolombiennes sur les flancs du Macchu Picchu (nom de la montagne voisine). Macchu Picchu signifie Vieille Montagne en quechua. Quant au Huayna Picchu, juste en face, c'est bien sur la Montagne Jeune, pourquoi chercher plus loin! A cette epoque, les ruines se distinguaient a peine, peuplees de serpents et autres sympathiques habitants, et prises en tenailles par la jungle tentaculaire encadrant tout le paysage. Bingham commenca a degager les ruines grace a un financement obtenu aux Etats-Unis, mais du abandonner le chantier devant l'epuisement des fonds octroyes. Ce n'est que plusieurs annees plus tard, en 1940, que le reste du defrichement pu avoir lieu grace a la decouverte du fameux Chemin de l'Inca, qui facilita l'operation. La Cite Engloutie put enfin sortir de son mystere. Pas completement cependant, car les speculations continuent d'aller bon train aujourd'hui encore. Il n'est toujours pas etabli avec exactitude ce qui constituait sa raison d'etre, a quelle elite elle etait destinee. Certains avancent qu'elle etait reservee aux elus, un sanctuaire, ou encore le temple des Vierges du Soleil. Ce mystere-la reste entier. Pas claire non plus la question de l'apres-conquete : la Cite fut-elle habitee par des incas refugies, ou fut elle au contraire totalement desertee a ce moment-la? Seules les momies pourraient nous repondre, si elles arretaient de ne penser qu'a faire la fete dans les rues de Cuzco! Mais non, les momies jouent au baby, elles fument des petards, s'envoient en l'air.. (desole, les vieilles references!) Objet : Le Coricancha Date : Sun, 07 Jul 2002 16:24:42 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Les jours suivant l'Inti-Raymi, je retrouve Mills a heure fixe, regle comme du papier mache malgre sa grippe de tous les diables, soignee a coup d'infusions d'eucalyptus et de mounia (une variete de menthe a en croire l'odeur) achetees sur les marches. Nous nous lancons dans le rallye du Bolleto Touristico, de quoi nous occuper intensivement. Au programme : les musees (inca, regional, contemporain), les eglises (Cathedrale, San Blas, Santo-Domingo), et le Coricancha, l'ancien temple le plus important de Cuzco. Au-dela du musee Inca qui recapitule bien l'ensemble des civilisations qui ont precede les Incas dans la region de Cuzco, le plus interessant est sans doute le Coricancha. En quechua, cela signifie littéralement : "Cercle d'or". Bati au coeur de la capitale du Taywantinsuyu, cet édifice representait le coeur du coeur, ou nombril du nombril, pour faire dans l'ethymologie! Il etait le lieu le plus sacre de l'empire, la ou se deroulaient les ceremonies les plus importantes de l'annees. L'Inti-Raymi s'y deroulait dans son integralite auparavant, avant que les pretres ne lui preferent le Sachsayhuaman, pour des questions d'elargissement. C'est egalement au Coricancha qu'etaient conservees les momies des Incas, confortablement installees sur leurs trones dorees, et occasionnellement aerees pour les grandes fiestas de rues! Ce temple fut le plus vaste et le plus richement decore de l'epoque, avant que les conquistadores ne viennent le piller et fondre ses dorures en lingots pour leur faire traverser les mers de maniere plus aerodynamique! (L'ironie de l'histoire est que les espagnols en ont finalement peu profite, pilles a leur tour par les pirates des mers, hollandais, anglais et francais!). Mais avant ces tristes episodes, le pourtour du temple était orné d'enormes corniches en or, et les autels, portes et statues, etaient tapisses d'or incruste de pierres precieuses. Du mal a s'en rendre compte aujourd'hui, mais mon guide me l'assure, et comme toujours, m'exhorte a faire appel a toute mon imagination! Au dessus de l'autel se trouvait le Grand Disque d'or, symbole du Soleil. Lorsque le soleil se levait, ses rayons tombaient directement sur le disque dore et le faisaient etinceler de mille feux. Au bas du temple, a l'endroit ou s'admirent actuellement des terrasses verdoyantes, se trouvait le fameux jardin en or, egalement detruit et pille par les conquistadores mais source inepuisable de poesie mystique pour les poetes de tous pays depuis lors. L'herbe, les arbres, les troupeaux, bergers, serpents et fruits : tout y etait en or, en hommage au soleil. L'or representait a l'epoque l'emanation terrestre du soleil, temoignage de sa toute-puissance. Aux cotes du temple du soleil se trouvent le temple de la Lune (son epouse), les temple des etoiles, de l'Arc-en-ciel et des Eclairs. Le meilleur est le culte de l'arc-en-ciel. Le peuple inca avait une relation tres ambigue a l'egard de cette manifestation naturelle. Dieu et demon, l'arc-en-ciel devait etre celebre, mais craint egalement, et nul ne devait se hasarder a le regarder en face sous peine de subir sa terrible vengeance. Si une femme enceinte le regardait, son bebe allait naitre avec un bec-de-lievre. Si un homme se trouvait dans le desert, il n'avait qu'un seul recours pour ne pas etre transforme en statue de sel : uriner dans le sable et se couvrir le visage de sable mouille pour eviter d'etre expose a la vengeance de l'arc-en-ciel. Des Mac-Gyver avant l'heure, ces incas! Objet : Celebration de l'inti-Raymi Date : Sat, 06 Jul 2002 15:52:00 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable 24 juin : depart de Delphine, Olivier et Xavier pour l'Inca Trail. Pour moi en revanche et pour des milliers de peruviens, ce sera la fameuse celebration de l'Inti-Raymi. Je retrouve Mills des le matin, et nous partons sur le champ a l'assaut du Sachsayhuaman, autre grande forteresse a 2 kilometres de la ville, dans les hauteurs de Cuzco. Le Sachsayhuaman, selon la legende, represente la tete du puma symbolique que dessinerait le plan de Cuzco. L'Inti-Raymi y est celebre chaque 24 juin, festival du soleil symbolisant le rapprochement de l'astre solaire et de ses fils les humains. L'Inti-Raymi etait la fete la plus importante de l'empire inca, le Tawantinsuyu, dont la religion etait basee sur le culte du soleil. Le 24 juin est le solstice d'hiver, autrement dit le commencement de la nouvelle annee solaire. Scientifiquement, le solstice a lieu le 21 juin, mais selon l'horloge solaire utilisee par les Incas, le soleil reste plusieurs jours a la meme place avant de s'elever peu a peu dans le ciel a partir du 24 juin. Ce jour etait consacre par le Grand Pretre comme jour de Nouvel An et baptise Inti-Raymi. Le festival commence la veille au Coricancha, temple du soleil de Cuzco. Les representants des 4 provinces (Suyus) defilent dans leurs costumes multicolores, et viennent rendre hommage au soleil. L'Inca principal commence son discours face au temple. Il lui manque le disque d'or des "Cites d'Or", mais selon la legende, ce disque se trouverait au pied du Lac Titicaca. Derriere l'Inca se trouvent la cour imperiale, les Vierges du Soleil et les pretres principaux. Tous sont consideres comme nobles, et le terme meme d'Inca se refere en fait a la noblesse, au sommet de la hierarchie. Ce n'est que plus tard que le terme fut abusivement etendu a toute la societe. La procession continue ensuite, le 24 juin, et prend la route de Sachsayhuman. L'inca est porte sur un trone d'or, trone que Pizarro aurait revendique a l'epoque de sa victoire comme trophee personnel. 80 kilos d'or pur, cela explique facilement le regain de cupidite pizarresque! Bien installes sur un rocher surplombant la forteresse, Mills et moi devrons tout de meme attendre 3 heures avant de voir penetrer la procession dans l'enceinte fortifiee. Car apres le Coricancha, la procession passe par la Plaza de Armas, et arrive au Sachsayhuaman en debut d'apres midi seulement. Mais l'excitation est a son comble, tous les peruviens des environs s'y sont donne rendez-vous, certains ont dormi sur les lieux pour avoir les meilleures places, la majorite sont couches la sur des couvertures, avec des sacs remplis de vivres pour y passer une seconde nuit si besoin est. Mieux que Woodstock, la boue en moins! Vers 13 h enfin,les 4 Suyus font leur apparition dans l'enceinte, accompagnes d'une musique envoutante et de percussions magnetiques. La representation ancestrale des sectes d'aujourd'hui! Le Grand Pretre se trouve deja au centre, et commence a vociferer des incantations en quechua. Je n'y comprends evidemment rien, mais nous avons la chance d'avoir la traduction en simultane d'une femme quechua assise a nos cotes. Apres l'entree en scene des suyus, de la princesse inca Mama Occla, Sapa Inca fait son apparition sur son trone dore. Il se leve, marche jusqu'a la scene, prend place sur le trone central puis ecoute les incantations du grand pretre qui annonce la Nouvelle Annee. Il commence en fait par remercier le Soleil pour tous les bienfaits apportes l'annee precedente, pour les cultures, les moissons, la bonne sante de la terre. Puis demande les memes bienfaits pour l'annee a venir. La terre est elle aussi objet de culte : c'est la Pachamama (Terre Mere), comme en Bolivie, qui est la divinite la plus celebree par le peuple. Dans le syncretisme catholique, elle est d'ailleurs souvent associee a la vierge Marie. Quant au Sapa Inca, la representation du Dieu Soleil sur terre, il benit chacun des 4 Suyus pour leur apporter fertilite et sante. Entre chaque benediction, les percussions retentissent, creant une atmosphere mystique intense. Les Peruviens retiennent leur souffle, ils semblent tous absorbes par la magie de la ceremonie, mais cela ne les empeche pas de penser au "business before" : des vendeurs de frites, chocolat, glaces, circulent entre les differents rochers grouillant de spectateurs, et realisent leur meilleur chiffre d'affaire de la saison! La ceremonie est longue, mais le spectacle visuel et auditif est exceptionnel. Lorsque vient le sacrifice du lama, tous les spectateurs sont deja suffisamment en transe pour pouvoir trembler en coeur. C'est un lama blanc qui doit etre offert au soleil pour garantir une moisson fertile. Jusqu'en 1997, un vrai lama etait sacrifie, mais des protestations multiples en on fait un acte symbolique, joue avec une espece de peau de lama. La scene consiste a mimer l'execution du lama, et a lui arracher le coeur, pour le faire manger par l'Inca. De loin, difficile de savoir si le coeur est en plastique, mais il parait etrangement reel lorsque le Grand Pretre le brandit en hurlant des incantations quechuas! Apres le sacrifice, chaque Suyu allume un feu de bois des quatres cotes de l'enceinte, et commence a danser en honneur du dieu du feu. A la fin des danses, les Suyus se rassemblent et reviennent a l'unite, pour former le Tawantisuyu, l'Empire des 4 directions. Mais le plus etonnant n'a pas encore eu lieu. Le clou du spectacle sera pour le lendemain. les Incas croyant a la reincarnation, ils sortaient aussi leurs momies pour les grands evenements, pour qu'elles ne s'ennuient pas dans leurs jarres et ne manquent pas les grandes fetes. Les Cusquenos le font toujours, et quelle ne sera pas ma stupeur le lendemain matin a voir des processions d'enfants danser autour de cadavres agites dans les rues de la ville! De : "Helene Reichardt" Objet : Il est cale, Robert... il est agrege!! Date : Sat, 06 Jul 2002 15:37:09 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable L'horreur signee Raoul ne devrait ceci dit pas nous faire oublier la magie de cette journee passee a deambuler au coeur des ruines de l'empire inca. Car au-dela du Macchu Picchu, les cites d'or etaient multiples, et Pisac et Ollantaytambo ne sont pas des moindres. Surtout la derniere, forteresse d'ou le dernier inca, Manco Capac, remporta son ultime victoire sur les conquistadores. La construction parait inachevee, car le temple etait encore construction lors de la conquete espagnole, mais cela n'enleve rien a la majeste du site. Nous n'aurons cependant pas la chance d'en savoir beaucoup plus sur Ollantaytambo, ne disposant que des 30 min "autorisees" par Raoul, et n'ayant cette fois ci pas rencontre de guide ou de tour organise auquel nous meler. A Pisac, en revanche, le site archeologique inca le plus important apres le Macchu Picchu, nous aurons pu nous joindre a un groupe de francais, menes par un guide expatrie au Perou depuis plusieurs annees et assiste d'une locale. Apres les mauvaises experiences des guides precedents, Xavier et Olivier ont decide de bien se tenir, essayant de ne plus s'etouffer de rire a chaque "trapezoidal antisismico" prononce par le guide, ou a chaque exhortation a "utiliser son imagination" pour debusquer les condors et les serpents graves dans la roche. Ils sont donc tres sages, attentifs aux explications et disciplines... Jusqu'a la memorable intervention de Robert! A consigner dans les annales! Robert a soixante ans environ, une barbe blanche en collier version Hue, petite sacoche en cuir ou deposer son appareil-photo triple zoom, et un eternel air sceptique. Robert prend en photo les petites peruviennes costumees pour le touriste, leur donne le dollar de rigueur pour chaque cliche, et des bonbons bien sur : ca aide tellement l'economie du pays ce genre de petites attentions! Robert suit le guide l'air penetre, absorbe par des preoccupations metaphysiques hors de notre perception. Un touriste comme un autre somme toute, rien de bien original, me direz-vous. Mais non! Car Robert est Robert, pas n'importe qui, et c'est peut-etre un touriste, mais un touriste critique! Nous aurons l'occasion de decouvrir la vraie nature de Robert lors d'une explication, ma foi trop osee, de notre guide locale. Elle se permet d'avancer que l'une des pierres du Macchu Picchu represente la constellation de la Croix du Sud. Malheureuse!! Robert se redresse, ses yeux lancent des eclairs, et il lance, d'une voix tonitruante un "C'est FAUX!" peremptoire et sans appel. Tout le monde se tourne vers lui, effare, et il continue, sans se laisser demonter : "la Croix du sud montre le sud par son bras le plus long, et le Macchu Picchu est dans le sens oppose". La guide essaie d'engager la discussion, lui expliquant que ce phenomene a ete retrouve dans d'autres constructions incas, que le Macchu Picchu ne fait sans doute pas exception a la regle. Mais Robert ne veut pas en entendre parler, il s'agite, le ton monte :"C'est FAUX!". Il s'agenouille, et commence a tracer d'une brindille la constellation de la Croix du sud sur le sol sablonneux, nous indiquant les 4 points cardinaux, et part dans une dissertation infinie sur les mensonges des archeologues. Cette fois-ci et malgre leurs bonnes resolutions, Xavier et Olivier ont du mal a garder leur sang froid. Ils ne sont pas les seuls, Delphine et moi ecoutons la diatribe de Robert avec effarement, et certains membres du groupe de francais paraissent sous le choc egalement. Mais c'est ici qu'intervient la groupie Numero 1 de Robert, l'une des femmes du groupe. Elle nous glisse a l'oreille, charmee : "Il est cale, Robert! Il est agrege!" Pas n'importe qui, Robert!! De : "Helene Reichardt" Objet : Raoul, taxidriver psychopathe Date : Sat, 06 Jul 2002 15:24:32 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Liste de suspects qui n'allait faire que s'etoffer, et ce, des le second jour! Apres la visite des sites aux alentours directs de Cuzco, nous allons passer la seconde journee dans la Vallee Sacree, ou nous attendent de nouveaux sites incas reputes, le tout dans un paysage idyllique de hauts plateaux, sommets enneiges et collines encastrant la vallee verdoyante. Pour nous y rendre, nous pensions retrouver Raoul, le chauffeur de taxi rencontre la veille qui nous avait propose un forfait journalier pour le tour de la Vallee Sacree. Mais Raoul-I n'est pas au rendez-vous, et nous devons donc faire appel a un second chauffeur de taxi, avec lequel nous negocions le meme prix. C'est Raoul-II, le prenom doit predisposer a l'activite professionnelle sans doute! Mais Raoul-II est loin d'etre aussi charmant que Raoul-I, et nos ennuis vont bientot commencer. Tout d'abord parce que Delphine et moi avions negocie le prix journalier sans qu'il prenne conscience que nous serions quatre. Lorsqu'il comprend que les deux garcons seront aussi de la partie, il change de ton et de discours : "Non, non, c'est beaucoup plus cher a quatre, le combustible est cher, et puis d'abord, combien vous pesez??". Nous ne comprenons pas tout de suite dans quel cauchemard nous nous sommes embarques. Xavier repond tout sourire a ses questions deplacees, devoile son poids sans complexe, disserte de bon gre sur la honte francaise au Mundial, laissant ainsi libre cours aux reflexions footballistiques avancees de notre chauffeur. Raoul plaisante, s'agite, rit de toutes ses dents en or, et nous parait encore relativement equilibre dans les premieres minutes du trajet. Quelques signes avant-coureurs auraient pourtant du nous mettre la puce a l'oreille : des depassements inconscients en cote, en virage, de violents coups d'accelerateur sans raison aucune, suivis d'une allure d'escargot sans justification non plus. Olivier et Xavier changent de couleur a chaque depassement, mais plaisantent encore. Nous arrivons a Pisac. Raoul decrete qu'il ne nous emmenera pas au sommet de la montagne ou se trouvent les fameuses ruines, car cela demande trop de "combustible". OK, qu'a cela ne tienne, cela nous fera une bonne occasion de marcher un peu et de se degourdir les jambes, nous sommes partants pour l'ascension de la petite montagne, et ce sera un bon entrainement pour l'Inca Trail de mes 3 compagnons. Mais a peine avons-nous dit cela que Raoul s'engage a nouveau comme un derate sur la route des ruines, et gravit les cotes a 100km/h sans tenir compte aucunement de nos voeux de marche. Bon, eh bien pourquoi pas, il est trop tard pour lui faire comprendre que nous voulons descendre de toute facon, et il s'evertue maintenant a nous dire que nous n'aurons jamais assez de temps pour monter et descendre la montagne si nous voulons continuer l'excursion dans la Vallee Sacree. C'est entendu, il nous mene donc jusqu'a l'entree du site. La, il nous confie a un guide local, et commence a nous suivre avant de renoncer a l'ascension, en nage avec ses 120 kilos mis a rude epreuve. Le guide en question est le prochain suspect solide sur la liste des meurtriers des quatre francais retrouves decapites dans une ruelle sombre a Cuzco.. Au bout de 15 minutes de balbutiements sans queue ni tete, nous lui expliquons que nous preferons continuer la visite seuls. Il s'en retourne donc voir Raoul, qui detale furieusement sur notre piste, persuade que nous cherchons a le semer. Il nous rejoint en courant a la sortie d'un petit tunnel, cette fois ci definitivement trempe de sueur, et nous explique que nous perdons du temps et devons le suivre sur le champ. Mais nous venons juste de trouver un groupe de francais accompagnes d'un guide competent et preferons continuer cette visite plutot que de repartir immediatement. Raoul capitule de mauvaise grace, puis se met a nous traquer. Il ne nous lache plus d'un pouce desormais. Toujours sur nos talons, pour le cas ou nous decidions de partir en courant! La visite terminee, nous le suivons enfin, repartons dans son taxi fou, ou son enervement commence a paraitre, et ses propos incoherents a prendre le dessus. Les mots cles, remis a toutes les sauces, sont : "combustible", marmonne dans sa barbe en permanence, "temps perdu", "voiture louee 25 dollars par moi", "voiture a rendre a l'heure", et "proprietaire de la voiture tres mechant". Voila la rengaine, que je suis seule a supporter helas, car mes 3 compagnons ont l'immense avantage de ne pas comprendre l'espagnol. Je commence a trouver l'atmosphere pesante, mais prefere ne pas trop m'apesantir sur la question, pour apprecier cette journee a sa juste valeur. Pourtant, il faut bientot se rendre a l'evidence : Raoul est maniaco-depressif, ou psychopathe.. au choix, j'attends le diagnostique de Marc!Il nous harcele en continu sur les 5 heures restantes, revenant a l'assaut sans faiblir : nous ne le payons pas assez, il doit rendre sa voiture a 17h (au debut de la journee, c'etait 19h!), il meurt de faim, nous ne lui avons pas paye de repas de midi, etc etc.. Ah oui, car j'oubliais l'histoire du repas, qui l'a sans doute fait craquer definitivement : nous n'avons mange que des fruits et empanadas sur le marche de Pisac, ce qui suffit aux gens normalement constitues. Mais n'oublions pas que Raoul est un mastodonte, et que sauter un repas menace la survie de son espece. Il nous en veut donc terriblement, partant du principe que nous devions le nourir, et sa chair affamee se mute en monstre vengeur. Il nous assene furieusement qu'il ne nous emenera pas a Ollantaytambo comme c'etait convenu au depart, parce qu'il meurt de faim et que son combustible ne suffira pas, ai-je besoin de le preciser, parce qu'il a du nous emmener au sommet des ruines de Pisac! Xavier s'enerve pour de bon cette fois-ci (j'ai fait l'erreur de traduire!), sort de la voiture en claquant la porte et annonce que nous prendrons le bus. Le probleme, c'est que nous sommes au milieu de nulle part, et que le bus que nous apercevons ne prend pas du tout la route d'Ollantaytambo. Voyant qu'il nous a pousses a bout, Raoul s'adoucit a nouveau et nous assure qu'il nous amenera a Ollantaytambo. C'etait une blague, dit-il en souriant de son plus beau sourire plaque or. Nous repartons donc dans une ambiance oppressee. J'aurais prefere en rester la, d'autant que mon ventre presentait un debut d'ulcere a l'entendre repeter sa rangaine de plus belle. "Combustible", "faim", etc.. Arrives a Ollantaytambo apres une conduite de malade mental, doublements insenses suivis de sur-place derriere les pots d'echappements des camions (pour nous faire mourir d'asphyxie selon Olivier!), il nous demande de l'argent pour aller faire le plein... Alors que son reservoir est encore rempli aux trois-quarts. Nous lui repondons que nous irons tous ensemble a la station service apres la visite d'Ollantaytambo, et il se met a vociferer de plus belle qu'il meurt de faim, que nous devons au moins lui acheter un coca. La coherence dans toute sa splendeur! Il nous "autorise" a visiter les ruines pendant 30 minutes, et nous attend en montant le guet une fois encore a la sortie des ruines. Au retour, il passe du rouge au violet, ne sachant s'il doit sourir ou hurler pour avoir plus d'argent. Sa strategie n'est pas au point! Il s'enferme dans un silence boudeur la moitie du chemin ("Raoul fait son boudin", nous dit Delphine pour detendre l'atmosphere!), conduisant comme un coureur de rallye, ou tente de nous amadouer par des blagues mielleuses le reste su temps. Voyant qu'aucune des deux methodes ne porte ses fruits, et qu'Olivier continue a chanter "Esteban Zia Tao Les Cites D'or" sans plus porter attention a ses changements de couleur, il s'emporte definitivement. De retour dans les environs de Cuzco, il nous emmene dans les quartiers chauds de la ville, ricanant sadiquement en nous annoncant que ces endroits sont les plus dangereux pour les touristes. Puis, pour nous faire passer une derniere fois au vert fluo, il s'amuse a devaler les rues pavees et en cote a une allure de fou furieux, manquant ainsi ecraser enfants et petites vieilles. Nous en avons tous des sueurs froides, il aura au moins reussi cela. Au moment de le quitter, nous le payons finalement en dollars, et non en soles, mais il est incapable de faire la conversion pour remarquer qu'il a au bout du compte plus que la somme prevue. J'ai beau le lui expliquer, il me menace une derniere fois de venir se venger et de nous echarper a l'Hostal Suecia. Heureusement, nous sommes sauves par la magie des noms : nous logeons a Suecia II, et non a Suecia! Mais cela ne nous empechera pas d'avoir des frissons a la seule idee qu'il puisse nous rechercher, escorte d'un gang d'amis psychopathes rencontres a l'asile! Je serai peu rassuree les jours suivants, d'autant que les 3 comperes m'auront abandonnee pour l'Inca Trail! Objet : Renvoyes par un guide de 15 ans pour insolence Date : Sat, 06 Jul 2002 14:36:09 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Avant de partir pour les 4 jours d'Inca Trail, il reste deux jours a Delphine, Olivier et Xavier pour decouvrir Cuzco et les environs. Entre deux defiles pre Inti-Raymi (cela commence le 22, et dure jusqu'au 25 juin) nous partons decouvrir Tambo Machay, Puca Pucara, Qenco et Sachsayhuaman, les ruines incas les plus proches de Cuzco, notre bolleto turistico a l'appui, comme il se doit! Arrives a Tambo Machay, ensemble de ruines incas les plus eloignees de Cuzco, dans ce que les Cuzquenos appellent le "city tour" (considerant ainsi les ruines comme des quartiers de la ville!), nous nous trouvons face a un amas de pierres parcourues d'une source d'eau vive. Pas tres explicite, le bolleto turistico n'a que le merite d'etre poinconne, il ne s'etale pas sur l'historique et la legende des differents sites visites. Je tente donc une incursion dans un groupe pre-constitue, mais mes trois francais s'impatientent. Le tour est en espagnol et le charabia hispanophone ne les transcende pas! Nous repartons donc incultes, mais sommes fort heureusement rattrapes par un petit guide qui nous propose ses services pour la suite des visites. Apres deliberation sur son jeune age et l'eventualite de son ignorance, nous tentons tout de meme l'experience, et sommes fortement impressionnes par l'ampleur de sa science. Petit, mais savant! Il refuse de nous livrer son age, cela restera le mystere du jour, il parait 15 ans a peine meme s'il revendique 4 ans d'etudes a l'universite pour devenir guide touristique. Mes trois comperes sont sceptiques, je le crois quant a moi et persiste a traduire ses explications. Mais Olivier et Xavier ont peine a garder leur serieux, et sont hilares devant les pierres et rochers ou le petit guide nous montre des "pumas, condors et serpents", comme il etait de bon ton de sculpter ou de dessiner a l'epoque inca. Le serpent represente le monde d'en-bas, le puma le monde d'ici-bas, et le condor le monde d'en-haut. Cette representation etait aussi valable dans l'architecture des villes. Cuzco, signifiant "nombril du monde" en quechua parce qu'il etait au centre du Taywantinsuyo (l'empire des quatre provinces, ou empire Inca), fut aussi construit selon un plan particulier, une forme de puma parait-il. Quant au Macchu Picchu, on devrait, parait-il, y retrouver le condor. Le petit guide tente donc de nous faire trouver les pattes, la tete, le corps, de tous les animaux discernables selon lui dans les roches. Olivier et Xavier, peu enclins a se laisser berner, commencent eux aussi a trouver "las patas, la cabeza, la trompa", et s'etouffent de rire a y trouver un elephant. Mais la bonne blague n'est pas du gout de notre guide, qui decide peu de temps apres d'en finir la, nous renvoyant comme des malpropres en nous assurant que si nous ne sommes pas interesses, ca ne vaut pas la peine de continuer. Retour au college, et debut de la liste de suspects qui voudront la peau de mes nouveaux compagnons de route! Objet : Cuzco ou le ruine-touristes Date : Sat, 06 Jul 2002 14:31:28 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable Delphine m'avait prevenue : "Je ne sais pas si c'est une bonne idee que tu partes avec moi, la poisse me colle a la peau depuis un mois". Mais non, mais non, je ne suis pas superstitieuse, qu'est-ce que c'est que cette histoire?! Simple coincidence, bien sur, si apres la folle nuit d'aeroport, l'avion pour Cuzco manque lui aussi etre annule pour mauvais temps, et ne peut decoller pendant un temps indetermine! Ce n'est pas grave, nous nous sommes retrouves, c'est l'essentiel, et poireautons tous en choeur a l'aeroport, c'est bien plus convivial! En plus, avec les Swiss Thins de Lindt que Delphine m'a rapportes pour m'empecher de deperir, j'aurai de quoi survivre dans tous les halls d'aeroport du monde! Bon, ca recommence donc, nous attendons, attendons.. Jusqu'a ce que le haut-parleur se reveille enfin de sa torpeur et nous annonce : "Cuzco, Cuzco! Lan Peru.. Embarquement immediat!". Pas de panique, moi je suis sur Aerocontinente, pas Lan Peru! Mais Delphine, Olivier et Xavier sont au moins assures de decoller. Mon tour viendra finalement en quasi-simultane, et nous arriverons a quelques minutes d'intervalle a Cuzco. Le soleil brille a nouveau, fin de la poisse dirait-on, et nous partons gaiement pour l'Hostal Suecia II, accompagnes d'une sympathique revendeuse de tours organises, qui nous briefe sur le Macchu Picchu. Elle nous apprend la triste realite : l'Inca Trail, ou trek de 4 jours pour acceder au Macchu Picchu, ne peut plus se faire par nos propres moyens et sans guide. C'est actuellement reglemente de maniere tres stricte par le gouvernement peruvien, soit disant pour empecher les touristes de deteriorer le chemin de l'inca. La raison veritable est sans doute plutot d'assurer au gouvernement et aux locaux une entree de devises facile : il faut compter en moyenne 200 dollars pour le trek de 4 jours, et encore, ce n'est pas pour la version "porteurs"! De plus, il faut reserver 3 jours a l'avance, cela necessite des permis gouvernementaux, et savoir a quelle agence se fier. Nous irons tout de meme recouper les informations avant de nous avouer vaincus, plusieurs agences consultees avant de preferer la sieste a la quete aux infos. Une premiere pizzeria a la mode peruvienne pour epargner les estomacs novices en la matiere, puis nous nous effondrons definitivement a l'heure des poules. La prise de decision sera pour demain! Et effectivement, toute la journee du lendemain se passe en arpentage de differentes agences de voyage, discussion avec les "south american explorers", et comparaison des differents tarifs. Apres une journee de tergiversations, Delphine, Olivier et Xavier signent finalement pour le trek de 4 jours, je me cantonnerai quant a moi a l'excursion d'une journee. J'ai eu suffisamment de nuits sous tente a 4000 metres la semaine precedente, et ne suis pas prete a payer 200 dollars pour reiterer l'experience. Il y a suffisamment de sites historiques a Cuzco et dans les environs pour que je n'en ressorte pas frustree, et puis j'ai retrouve Mills, le Texan rencontre en Bolivie, qui m'accompagnera les 3 prochains jours. Le 24/6, c'est l'Inti-Raymi, la fete du soleil, et l'evenement le plus important de l'annee pour les Cuzquenos et des milliers de touristes qui viennent specialement pour ca. Le seul bemol, c'est qu'a Cuzco, c'est aussi la guerre des nerfs avec les vendeurs de cartes postales en tous genre, les cireurs de chaussures (meme quand elles sont en toile, au diable ce genre de details, l'essentiel c'est que ca brille!), les traquenards pour nous faire entrer dans les restaurants "different this time", "maybe tomorrow?!", ou les harcelements de vendeurs d'aquarelles. Toujours "different" aussi, cela va de soi! C'est la rancon du succes, car Cuzco est sans conteste la plus belle ville du Perou, la plus agreable a vivre, et la plus chargee d'histoire. Mais ici, tout se paie, chaque site historique fait l'objet d'une case a poinconner sur le "bolleto turistico". C'est comme un forfait de ski, perfore a chaque entree. Sauf qu'a la place d'un acces sur les pistes vertes, c'est chaque entree dans une eglise, cathedrale, musee, ruine quelconque, qui entraine un autre petit trou.. "Des ptits trous, des ptits trous, toujours des ptits trous". Regle numero 1 a Cuzco : ne jamais sortir sans on bolleto turistico, ou vous resterez confines sur la Plaza des Armas! De : "Helene Reichardt" Objet : Chasses croises a l'aeroport Date : Mon, 01 Jul 2002 14:37:04 +0000 Répondre Répondre à tous Transférer Supprimer Déplacer vers le dossier...Boîte de réceptionMessages envoyésBrouillonsMessages supprimés Version imprimable La seance culture terminee, les vacances de Marie-Cecile touchent a leur fin, et elle peut repartir musclee, bronzee et cultivee dans notre beau pays. Nous partons donc de Trujillo le matin, arrivons a Lima le soir, son avion etant prevu a 23h le soir meme. La course effreinee commence des le matin, nous tremblons une bonne partie de la journee a la perspective de nous trouver coincees dans un bus au pneu creve ou au cable d'huile perce, ca arrive generalement toujours a ces moments la. Mais non, tout se passe parfaitement bien, et nous arrivons comme prevu chez Luigi et Giuliana a 20h, juste le temps de se faire menacer d'un poulet grille et de se remettre en route direction l'aeroport. L'aeroport de Lima est une petite merveille du controle de passagers, interdiction d'entrer dans le hall du check-in sans billet d'avion et sans passeport. Marie peut donc entrer, mais je suis refoulee comme une malpropre, et elle manque presque son embarquement a se trouver demunie de papiers qui etaient en ma possession. Tout rentre finalement dans l'ordre lorsque je trouve le passage secret, et Marie peut s'envoler vers de nouveaux horizons, s'endormir sur 3 banquettes, et rever a la canicule francaise qui l'attend.. Tandis que je demeure seule, frigorifiee par le froid limeno, et que ma serie des joies de l'aeroport ne fait que commencer. Eh oui, car pour moi, la grande aventure des halls d'aeroport n'en est qu'a ses debuts. Le lendemain, apres une journee passee en compagnie de Luigi et Giuliana, je repars pour une excursion aerienne, prete a accueillir Delphine, Olivier et Xavier, qui m'acompagneront les 2 semaines a venir. Luigi m'escorte, nous arrivons a 21h30, heure d'arrivee prevue, passons au bar decouvrir la Pilsen locale en comprenant que leur vol aura 40 minutes de retard, et attendons. Attendons, attendons, une biere, deux bieres, 5 bieres.. Il est minuit, toujours personne, Luigi telephone chez lui pour savoir si Delphine ne se serait pas manifestee, mais non. Rien. Nous attendons encore. Rien toujours. Personne ne peut nous dire au stand d'information si leur vol est bien arrive, aucune certitude, des foules de touristes debarquent de tous cotes, mais toujours pas de Delphine. Finalement, Luigi a la lumineuse idee, entre deux bieres, de m'envoyer a la recherche d'un point internet. Il continue a faire le guet depuis le bar, et je me rends quant a moi a la recherche de l'ordinateur salvateur, que je trouve enfin.. et la reponse a l'enigme : les 3 comperes sont restes a Miami, restes sur le carreau apres avoir rate leur correspondance suite aux greves parisiennes, evidemment! Une fois de plus, merci Air France, merci les greves, et merci les controleurs aeriens! Il est 1h du matin, Delphine ne sait pas s'ils pourront prendre le prochain vol, ils ne sont que sur liste d'attente. Ce ne serait pas bien grave en soi si le lendemain matin n'etait la date de depart pour Cuzco et que je devais me lever a 6h pour avoir mon vol interieur, sans certitude aucune que mes 3 nouveaux compagnons attraperont leur vol pour Cuzco de leur cote. Faut-il ou ne faut-il pas quitter l'aeroport, je pourrais franchement y passer la nuit, au point ou j'en suis! Mais je rentre faire mes affaires, me couche vers 2h, m'endors.. avant d'entendre toquer a la porte de ma chambre a 5h : Delphine, Olivier et Xavier sont arrives a bon port, ayant ete acceptes sur le second vol.. et sont prets a retourner a l'aeroport avec moi une heure plus tard pour Cuzco! Entre Caraz et Huaraz, nous atterrissons au coeur de la guerre des gangs. Guerre des camionnettes de passagers, combat a corps et a cris dont l'arme secrete est le hurlement dans toutes les rues de Caraz avant de partir : "Huaraz, Huaraz, Huaraz!!", vocifere a la maniere du vendeur de tapis sur les souks de Marrakeck. Trois fois le tour du village avant de se mettre reellement en route, mais quand c'est parti, c'est parti! La regle du jeu change alors un tantinnet, au "Huaraz Huaraz Huaraz!" succedent la conduite de serial killer psychopathe et les queues de poissons successives et a tour de role entre les differentes compagnies de camionnettes. Celle de tete etant bien sur celle qui aura le plus de chance de ramasser une majorite de paysans sur le bas cote, les evincements sont de rigueur. Tout fait l'affaire pour remplir la camionnette plus que celle de son concurent, sacs de patates, caisses de mandarines, haches, bandas... Marie eclate de rire a chaque cargaison, la fatigue aidant, elle reconnait la bande de la bamba au bord de la route, et entame un tra la la la la bamba tonitruant lorsqu'ils montent dans la camionnette, puis un "jobie joba" fougueux face a notre voisin muni d'une hache et d'un chapeau de gypsie. Nous nous en sortons bien, pas de malencontreux accident de francaises decapitees, il ne connait pas le repertoire gypsie apparemment, et Marie peut chantonner de plus belle. La bamba, les jobis, les 7 nains, la camionnette est pleine a craquer, "Huaraz, Huaraz Huaraz!" continue, et nous nous prenons a imaginer la prochaine strategie de la guerre des gangs : ramasser une vache et un cochon, leur mettre un masque d'humains sur la tete, et les faire regarder par les fenetres pour faire enrager la concurrence! Objet : Vie ma vie- 10 nuits en une, et derniere journee! Date : Thu, 20 Jun 2002 00:37:55 +0000 Et c'est la que "vie ma vie d'alpiniste" entre en scene, la aussi que nous comprenons definitivement le pauvre parisien en attache-case. Comment rester valeureux lorsque l'on crache ses poumons de jour et ne ferme pas l'oeil de nuit, comment dormir au-dessus de 4000 metres lorsque la respiration est en arret sur image, que l'on saigne du nez, que l'on se bat contre les vaches mangeuses de tente et les moulins a vent et que les moustiques nous prennent comme diner? Nous etions vaillantes, surentrainees, gonflees a bloc. Suffisamment de chocolat dans les poches pour des cols et des sommets. Mais la seconde nuit nous acheve, la montagne-diamant (l'Alpamayo) nous parait inaccessible avec les orbites jaunes de l'insomniaque ivre mort, et apres concertation, nous optons pour le scenario 3 jours au lieu de 4. La vie est cyclique, mon tour du monde aussi, et le syndrome Torres del Paine avec l'amputation du jour final me poursuit! A 6h35, donc, l'heure des braves a sonne, nous nous elancons hors du chapiteau au temps fige, et a defaut d'energie, nous aspirons les premiers rayons de soleil qui transcendent les sommets. Pas d'ascension de l'Alpamayo, mais une folle course vers Coshapampa, pour essayer de trouver un bus retour pour Huaraz avant la tombee de la nuit. Un beau lose-day commence, apres ma chute dans le torrent a 8 heures du matin, ou comment vous rendre autiste pour la journee. Puis deux premieres heures de pure inconscience, ou nous nous octroyons des pauses photos, pauses chocolats et pauses contemplation a rallonge... Avant de realiser avec horreur que l'heure a tourne, bientot midi et il ne nous reste plus que trois heures pour atteindre Coshapampa dans les temps. 10 kilometres, 1000 metres de deniveles a parcourir, et le chemin reste deseperement plano (pour une fois, il l'est vraiment), sans le moindre petit metre de denivele vers le bas. Nous accelerons comme des furies, aucune envie de planter la tente a Coshapampa, battons tous nos records de vitesse sur les 4 dernieres heures, mais la limite des 15 heures est depassee. Nous sommes piegees dans une lagune a vaches ou nous barbottons dans des flaques d'eau rougeatres sans plus nous en depetrer, le mal d'altitude de Marie reprend de plus belle. Elle attend de descendre avec impatience pour retrouver un taux d'oxygene normal, mais le chemin s'enferre sur les 4000 metres. Chaque virage nous fait reprendre 3 metres d'altitude pour 3 descendus. Chaque colline refuse de prendre la direction de la vallee, et les vaches nous fixent l'air mauvais. Heureusement que Marie s'impose en Manon des Sources de choc et fait le menage sur les sentiers, je m'ecarte avec pleutrerie a chaque nouvelle noiraude, je suis specialiste des cafards, pas des monstres bovins.. D'ici qu'on tombe sur la vaca loca en plus, avec la loi des journees lose! Lose intensifiee lorsque le ciel prend un visage d'apocalypse, des grondements pre-fin du monde eclatent sur nos tetes, la terre est prise dans un etau, nous sommes ecrasees entre la pluie et le bus qui va nous echapper, accelerons de plus belle, ventres a terre sur les chemins. Enfin, nous rencontrons un peruvien souriant qui nous redonne espoir, 20 minutes seulement jusqu'a Coshapampa, nous annonce-t-il. Nous relachons le rythme, reprenons un peu d'air. Une petite photo, histoire de se prouver que c'est les vacances, mais il ne fallait pas rever, 20 minutes peruvian time ce sont 1h10 french time, et nous rendons nos derniers quarts de poumons sur les caillasses finales. Marie est exemplaire, me repete inlassablement entre deux semi-comas : "non mais dans l'absolu, c'est magnifique!". Une histoire d'absolu, c'est toujours bon a prendre, surtout dans le contexte et la relativite de la pluie et des genoux demis. Et elle a bien raison, dans l'absolu c'est magnifique, et dans l'absolu aussi, nous aurions bien gravi l'Alpamayo. Mais dans la realite de jambe de bois et bras casse qui atteignent enfin Coshapampa en rampant et en s'accrochant aux racines avec les dents, quel bonheur d'en finir, quel bonheur de prendre place dans la petite camionnette qui vaut mieux que toutes les limousines du monde, et quelle delivrance de descendre enfin metres apres metres pour rejoindre Caraz, et se retrouver sur la route des 3000 metres! "Vie ma vie de guide de haute-montagne", tres peu pour moi finalement, et vive les parigos palots en attaches-case!!


 

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