La jungle se devoile
Mai 2002
date : 31/05/2002 17:22
sujet : La jungle se devoile
3 heures de nuit, nous nous imaginons satisfaites et partons a la recherche
de nos futurs coequipiers. Nous les trouvons tranquillement allonges dans
des hamacs, les pieds en eventail, dans le patio de Santa-Anna. Les
chanceux, eux au moins paraissent frais comme des gardons, en parfaite
condition pour commencer le periple dans la jungle le jour suivant... Je ne
dirais pas la meme chose de Simone et de moi, mais enfin, je me laisse
embarquer dans le flot sans trop me poser de questions. Je connais
maintenant l'habilete de mes danois lorsqu'il s'agit d'optimiser le rapport
qualite-prix de tous types de tours organises : comme pour la traversee du
desert chilien, Rasmus et Camilla ont fait l'etude de marche la plus poussee
qui soit pour nous trouver la perle bon marche. Ils excellent dans la
discipline du marchandage et de l'argumentation "speciale groupe".
Nous sommes donc 7 a nous engager dans la grande aventure. Au programme, 2
jours de jungle et 3 jours de pampa, ce qui differe peu au fond : toutes les
nuits se passent en refuges emmoustiquairises, sans douche ni electricite,
avec pour compagnie principale les singes et les moustiques.
Au bout des deux premiers jours passes dans la foret amazonienne, nous
comprenons enfin l'appellation anglo-saxonne du lieu : "rainforest". Les
deux jours se deroulent sous des deluges de pluie, de boue et de moustiques,
nous nous baignons dans des marecages denommes "piscine" par notre guide
optimiste, pas effrayes pour autant de nous mettre en maillot de bain et
glisser dans la vase en chantant! Le soir, nous ne sommes plus que 4 a etre
partants pour une exploration nocturne de la jungle, les autres preferant se
reconforter a coup de bidons de vin aigre et se rechauffer par des
cataplasmes au vinaigre. Tout est bon pour oublier les boursouflures de
moustiques et les habits detrempes qui collent a la peau sans secher jamais!
En revanche, Rasmus, Brent, Simone et moi partons vaillament sur les traces
du guide apres le diner, a l'affut des tarentules. Elles se balancent sur
des feuilles geantes, tricotees de part en part en nids de fourmis geantes.
De petites tarentules jaunatres, puis des plus grandes, noiratres et velues,
nous espionnent dans le noir, leurs yeux scintillent dans l'obscurite
lorsque nous pointons les lampes torches vers elles. Puis, nous rencontrons
une colonie de fourmis geantes se promenant en caravane sur plusieurs
metres, portant sur leur dos des feuilles faisant trois fois leur taille.
Les singes nous guettent egalement en catimini, nous n'en voyons pas, mais
ils poussent de petits cris stridants a nous entendre arriver. A chaque race
de singe son cri distinctif, et notre guide indigene appelle chacun d'eux
avec une maitrise de la nuance impressionnante.
Enfin, nous nous trouvons face a une termitiere geante, dont le guide coupe
un morceau a coup de machette. Il nous revele ainsi les alveoles et la vie
turbulente des petites termites laborieuses, en pleine construction de leur
nouvel loft. Il en prend plusieurs entre les doigts, et se met a les gober
goulument. "Hmummm.. C'est delicieux, ca un gout de miel, nous dit-il", et
nous incite a faire de meme. Heu, moi non merci, je me suis brosse les
dents..! Jamais entre les repas!, mais a voir mes trois compagnons s'emparer
des bestioles et les avaler sans s'etrangler, je prends mon courage a deux
mains et cesse mes bredouillements de poule mouillee. Et en effet, ce n'est
pas si mauvais que ca! Pas un gout de miel, mais plutot une odeur de resine,
moins rebutant si on fait abstraction des petites gambettes qui nous courent
dans l'estomac!
Le lendemain, nous decouvrons les secrets les mieux gardes des indiens, a
savoir leurs nombreuses plantes medicinales utilisees dans la jungle, avant
l'arrivee des charlatans pharmaciens. Quoi de mieux qu'un sorcier, chaman ou
guerisseur des pampas pour soigner les petits bobos, prevenir les crises de
palu ou se rehydrater la ou il n'y a pas d'eau? Nous commencons par gouter a
l'ecorce de quinine, grand arbre diffusant un anti-paludeen au naturel
-selon le guide toujours, il n'y aurait aucun risque de malaria de ce cote
de la jungle, grace a ces arbres justement. Et puis, il nous promet qu'en
ingurgitant quelques copeaux de son ecorce, nous serons immunises pour les 6
mois a venir contre toute attaque de moustique porteur du virus.. Un peu de
scepticisme quand meme, mais une ou deux bouchees d'ecorce ne feront de mal
a personne!
Un peu plus tard, il nous fait boire de l'eau de liane (appelee una de gato,
autrement dit l'ongle du chat, allez savoir pourquoi!), liane epaisse qui se
deverse en eau potable lorsqu'on la coupe. Prudence en revanche, d'autres
lianes au meme diametre et a la meme apparence sont emminemment toxiques, et
font mourir les poissons des lacs lorsqu'elles se trouvent a proximite d'un
point d'eau! Lecon a retenir : ne pas s'improviser indien!
Enfin, il nous decoupe de l'ecorce d'arbre a cannelle, dont il fera des
infusions pour combattre les troubles digestifs.. Qui sont legions dans
notre petit groupe d'intrepides! Rasmus repart avec un morceau d'ecorce sous
le bras, il a deja une petite boite de sel du salar d'uyuni.. Ne lui manque
plus que sa cuisine copenhaguoise pour mettre ses plans de festins a
execution!
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