Russes et peruviens a la feria del arte

fin Mai 2002 23 Ock! sleeping time for us

date : 31/05/2002 23:08 Russes et peruviens a la feria del arte Les jours qui suivent cette fete memorable sont rudes, je ne parviens pas a me reacclimater aux 4000 metres d'altitude. En fait, l'adaptation physique est le maitre mot de ce voyage en Bolivie. La geographie du pays est une epreuve en soi, et a moins de se limiter uniquement a l'une de ses zones climatiques pour ne pas forcer les readaptations successives, le corps du globe-trotter est mis a rude epreuve. A peine m'etais-je habituee a l'altitude de l'altiplano que je descendais deja a l'assaut de la jungle.. Pour remonter a plus de 4000 metres a la Paz 2 semaines plus tard, la capitale la plus haute du monde! La fatigue n'y fait rien, le sejour dans la jungle puis la fiesta del Gran Poder ne suffisent pas a me faire capituler, je suis epuisee mais ne peux fermer l'oeil. La respiration est coupee au bout de deux heures de sommeil a peine. Je ne suis pas seule a souffrir, Jack et Doug qui vivent dans la chambre contigue a la mienne passent leurs nuits a jouer aux cartes dans le salon de l'etage, en attendant de s'ecrouler enfin. Mais meme la strategie de l'epuisement ultime ne paie pas, et Jack, desespere, fait encore une fois appel a ses valiums pour vaincre la rebellion de son corps malmene! Tant pis pour le sommeil, je decide donc de sillonner la ville dans cet etat second, pas la peine de forcer le sommeil qui se rebelle! L'avantage est que je ne rate aucun des levers de soleil sur les cretes de montagnes, je ne rate rien non plus de la venue des paysannes boliviennes depuis la province adjacente, ni de l'installation de leurs fruits et legumes sur des tapis de fortune au milieu des rues en cote. J'assiste egalement a l'agitation des ecoliers en uniformes noirs et blancs qui courent dans le desordre en se bousculant vers la porte de leurs ecoles. Les Pacenos sont un peu bourrus au premier abord, moins expansifs que leurs compatriotes de l'Oriente et du Beni (region de Rurrenabaque), mais la premiere constatation se dement bien vite, a faire plus ample connaissance. Apres mes errements matinaux dans la ville en ebullition des les premiers rayons de l'aube, je pense toujours a aller me refaire une sante et retenter le grand defi de la sieste, lorsque je rencontre dans l'hotel la barmaid de la fiesta del Gran Poder. Apres m'avoir allegrement saoulee a la Pacena le weekend precedent, elle tente de reparer les pots casses en voyant ma mine defaite, et s'empresse de me concocter des infusions aux feuilles de coca. Je fais une cure de tisanes, mais ca n'aide pas plus a vaincre mes maux de tete et mon etat de somnambulisme avance. Le bar dans lequel nous nous trouvons est l'antichambre de son appartement, truffe de trappes et portes secretes, on se croirait dans un episode des Mysteres de l'Ouest, avec James West pret a bondir hors d'un tableau! Eh oui, parce que derriere chacun des tableaux muraux peints par l'artiste de la nuit du Gran Poder se trouve une porte indevinable a l'oeil nu! Derriere l'une d'elles, une bibliotheque, derriere l'autre, une chambre a coucher, un salon, une cuisine! C'est la caverne magique, et je me demande a chaque piece ou s'arretera le dedale! Irina, une amie de la barmaid nous rejoint dans une des pieces-mysteres, en voila une qui connait le secret du labyrinthe! Elle parle parfaitement espagnol mais n'a pas vraiment le type bolivien. En effet, j'apprends qu'elle est russe, installee en Bolivie depuis 4 ans seulement. Elle aussi est ecrivain, decidemment, le noyau dur gravitant autour de cet hotel est de nature tres artistique! Elle a publie un premier roman en Russie, puis est venue en Bolivie chercher l'inspiration pour son second roman. Mais elle s'est tellement adaptee au rythme bolivien qu'elle n'a plus envie de rien faire, m'explique-t-elle en riant! Lorsque nous parlons des dangers potentiels pour les gringos se baladant dans les rues de la Paz, elle eclate de rire : "les Boliviens hurlent aux grands dieux lorsqu'une personne est retrouvee morte une fois par hasard, mais en Russie, on publie une espece de gros catalogue "La Redoute" chaque jour, afin de diffuser la liste de tous les morts de la veille!". En bref, la Bolivie est le royaume de la securite! Quelques anecdotes russes et feuilles de coca plus tard, elle m'emmene a la grande feria de l'art international, au sud de La Paz, ou l'une de ses amies tient un stand de poupees russes et de cuilleres polychromes. A me voir arriver, son amie me croit russe egalement, et commence a me parler dans la langue de Gogol! Cela commence a tourner au gag d'ailleurs, ces histoires de nationalite : depuis le debut de mon voyage, on m'a trouve des sosies thailandais, peruviens, danois, neo-zelandais... et russes maintenant, allez comprendre!! Irina est de Saint-Petersburg, mais son amie est de Novorsk, et c'est en partenariat avec sa ville et.. le conseil regional de Strasbourg (!!) qu'elle presente ses objets d'art et fait la promotion de sa region! Bon, je sais, pour les non-alsaciens, ca n'a pas grand interet, mais n'est ce pas incroyable cette trainee de poudre alsacienne semee a tous vents?? Je passe la fin d'apres-midi avec elle, elle me donne des infos pour continuer mon voyage, puisqu'elle connait bien le continent sud-americain : son mari est chilien, ils ont vecu en Equador, au Perou, en Bolivie, et au Chili bien sur! Elle me donne de nombreux conseils, puis a l'idee lumineuse d'appeler Yvan, sympathique peruvien tenant le stand contigu au sien. Yvan est bel et bien peruvien, mais son pere l'a baptise d'un nom russe a l'epoque ou il etait encore communiste convaincu. Yvan a d'ailleurs frequente l'ecole russe de Lima, et parle encore russe avec Irina! Quant a sa soeur Angela, egalement presente sur le stand, elle a frequente l'ecole anglaise, et lui sert d'interprete pour les clients anglophones! Les deux sont arrives a La Paz il y a 2 semaines pour promouvoir leur galerie d'art, tenue par leur pere a Lima. Ils ne supportent pas plus l'altitude que moi, et au bout de 2 semaines de bonnes affaires, ils sont heureux a la perspective de quitter La Paz et de retrouver le Perou. Ils partent le lendemain, et me proposent de prendre le bus avec eux. J'accepte avec plaisir, il est egalement temps pour moi de quitter la Bolivie, et je ne suis pas mecontente de redescendre d'un niveau pour retrouver des regions plus clementes...


 

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